Delebecque sur les terres de Judd

Rédigé par Romain CURNIER
Publié le 16/04/2016

La Galerie de photographie Sit Down à Paris accueille jusqu'au 11 Juin la série Marfa, Texas de François Delebecque. À trois heures d'El Paso Marfa est à l'image de l'Amérique des Cowboys. De part et d'autre d'une ligne de chemin de fer qui la traverse, elle se déploie dans le style banal des bourg du Texas. Mais Marfa est aussi le lieu que Donald Judd avait choisi pour travailler et résider. Elle est devenue au fil des années un lieu de pèlerinage du minimalisme américain.

François Delebecque a privilégié le noir et blanc comme pour se concentrer sur les géométries et les lignes des bâtiments. Le jeu des ombres et le cadrage viennent déformer les façades. Chaque lieu est isolé, décontextualisé, prenant la forme d'un objet plutôt que d'une architecture. Les oeuvres de l'artiste minimaliste et la ville entrent ainsi en résonance. Ni le temps ni l'espace ne semblent pouvoir altérer ces bâtiments qui, à l'instar des « concrete Â» de Judd, ne sont que la représentation d'eux-mêmes.


Par deux fois François Delebecque vient rompre le rigoureux alignement de ces images. Une vidéo met en mouvement ces trains qui douze fois par jours viennent interrompre le silence de la ville. Le vidéaste-photographe brise ainsi cette permanence tout en nous rappelant l'origine ferroviaire de Marfa qui avant d'être la ville musée d'aujourd'hui était la « ville relais Â» des locomotives à vapeur. Puis c'est par une image dont le premier plan est occupé par l'ombre étirée d'un cycliste. L'hors-champs rentre dans le cadre comme pour faire apparaître ce que l'on souhaite cacher. Le photographe semble ici utiliser cette métaphore pour rappeler que derrière la banalité de certaines façades de Marfa, se cachent des galeries d'art, des salles de spectacles ou des ateliers. Par ces contradictions le récit du photographe se nuance, laissant au spectateur le plaisir de dénouer le vrai du faux et d'imaginer l'envers du décor.

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