Architecte : Louis Paillard Rédigé par Maryse QUINTON Publié le 05/11/2015 |
Si Waterloo est bien connue pour sa célèbre bataille, elle l’est moins pour son architecture contemporaine, inexistante. Dans cette banlieue chic au sud de Bruxelles, Louis Paillard vient de livrer l’extension d’une maison particulière pensée pour un couple de collectionneurs, qui ne passe pas inaperçue. Il s’agissait moins de construire des mètres carrés que de concevoir un lieu de vie capable de recevoir des oeuvres d’art, tout en résolvant une topographie mouvementée.
L’histoire
raconte qu’à l’issue d’un projet, le client se fâche systématiquement avec
son architecte. Cette extension figure parmi les exceptions qui confirment
la règle. Le contexte est celui d’une aventure au long cours,
empreinte d’une fidélité plutôt rare en la matière. Entamée il y a une
quinzaine d’années, la collaboration entre Louis Paillard et son
maître d’ouvrage s’est nouée autour du Nouveau Casino, créé en 2001 à Paris
par cet entrepreneur au nez fin. Alors que Louis Paillard fait encore
partie de Périphériques, qu’il quittera en 2003, ils réalisent
ensemble cette salle de concert située dans le quartier Oberkampf. Suivront
d’autres lieux de la vie nocturne parisienne et autant d’expériences
venues solidifier cette relation entre l’architecte et son client qui
se connaissent donc très bien. Ce pourrait être un frein, c’est au contraire
leur moteur. Ils savent travailler ensemble mais partagent aussi leurs
accointances artistiques respectives, s’échangent les derniers livres
lus – La Septième Fonction du langage de Laurent Binet le jour de notre visite. Leur
dernière collaboration en date se trouve en Belgique, à Waterloo, où vit
le client qui s’est à nouveau tourné vers Louis Paillard afin de lui
confier la réalisation d’un programme atypique, de ceux qu’affectionne particulièrement
cet architecte qui a construit en 2009 pour son propre compte une
maison coiffée d’un gymnase pour pratiquer le trapèze. Car l’extension a ici
pour objectif non pas de créer de simples mètres carrés supplémentaires, mais
d’accueillir des œuvres d’art et l’univers singulier du maître d’ouvrage
qui habite en couple dans cette bâtisse deux fois centenaire. Pour
autant, une maison pour des collectionneurs n’est pas un musée. Il s’agit
bel et bien de concevoir un lieu de vie au milieu des Å“uvres, sans céder Ã
la tentation scénographique d’une remarquable collection incluant entre
autres des dessins de Yona Friedman et des photographies de Michel
Houellebecq. Situé dans un quartier résidentiel, l’édifice existant
est installé en contrebas d’un jardin aussi invisible qu’impressionnant de beauté,
témoignant de l’attention que lui portent les propriétaires, également
passionnés de jardinage. La topographie est pour le moins
surprenante. Depuis la rue, rien ne laisse deviner la présence de ces 4000
m2 aménagés avec soin, auxquels on accède par un escalier étroit et raide.
Mais Louis Paillard connaît déjà les lieux : une dizaine d’années
plus tôt, il avait entièrement réaménagé cette longère mariant briques
blanches et tuiles, alors peu fonctionnelle et vieillotte, mais dotée d’un
certain charme, qu’une réhabilitation mesurée avait su valoriser.
APPROCHE
LOW-TECH
Le nouveau
volume est accolé à la maison existante, à laquelle il est raccordé par le R+1.
Le rez-de-chaussée est contenu dans un socle en béton encastré dans la
colline, où se trouvent un garage et une réserve pour stocker les œuvres
dans de bonnes conditions. Au-dessus et en léger porte-à -faux pour
retrouver l’alignement sur rue, la partie supérieure comprend la grande
pièce dotée d’un étage partiel en mezzanine. La topographie dicte la
volumétrie singulière de l’extension qui, issue d’une forme archétypale,
se déforme en trois dimensions, s’élève jusqu’en haut du talus pour
aller chercher l’accès direct au jardin. Sur la rue au sud, la façade
demeure fermée afin de protéger les œuvres. La lumière naturelle est
dispensée à la fois zénithalement et au nord par de grandes baies ouvertes
sur le jardin désormais desservi par une passerelle métallique. Le
bois est le matériau privilégié du projet, au service de l’approche
low-tech ici menée par l’architecte. Le volume supérieur est en ossature
de mélèze. Des panneaux de contreventement en bois sont vissés sur les faces
intérieures et extérieures de cette charpente tandis que l’isolation est
réalisée par soufflage. Pour éviter la présence d’entraits, deux
grands portiques en acier viennent renforcer la structure. Une vêture en
lames verticales de douglas enveloppe l’ensemble, excepté la
couverture traitée par un bardage métallique ondulé noir. L’échelle
modeste de l’opération – un peu moins de 100 m2 – a permis à Louis
Paillard de pousser assez loin la notion de « surmesure », dessinant
jusqu’aux meubles. Le lot menuiserie intérieure a ainsi fait l’objet d’une
attention toute particulière. L’espace est régi par les différences de
niveaux (estrade, mezzanine) et les aménagements sont impeccablement
menuisés, tels l’escalier, les grandes bibliothèques qui intègrent çÃ
et là des œuvres spécifiques, les tiroirs logés dans les séparatifs, les
garde-corps de la mezzanine qui enclosent vitrines et rangements ou
ceux, épais, de l’estrade qui se font présentoirs. Une façon de
hiérarchiser un volume dépourvu de tout cloisonnement pour faire la
part belle aux œuvres, tout en offrant la fonctionnalité nécessaire sans
encombrer visuellement l’espace.
Maîtrise d’ouvrage :
privée
Maîtrise d’œuvre :
Louis Paillard
Entreprise
charpente, couverture, menuiseries extérieures et vêture bois : bois émois
Maçonnerie
(socle) : Maisium
Menuiserie
intérieure, meubles, escalier, salle de bains et parquet : Raymond Boyer
Habillages
intérieurs et peinture : Cobalt-Indigo
Electricité
et chauffage : Parteno
Shab :
90 m²
Coût :
300 000 euros HT
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