INES de Chambery - Michel Rémon et Frédéric Nicolas |
Dossier réalisé par Christine DESMOULINS |
Michel
Rémon considère que, lorsqu’on construit un bâtiment, il faut d’abord résoudre
les questions constructives avant d’y accueillir l’innovation.
L’innovation en architecture renvoie d’abord pour lui « à l’élan des
cathédrales gothiques et à l’époque du Moyen Âge, avec sa fascinante conjoncture
entre la culture, la philosophie et l’artisanat au sommet de sa capacité
». Mais aujourd’hui, regrette-t-il, « le bâtiment est l’objet
d’avancées importantes, sans être à la pointe. L’élan de la société va plutôt vers
la biologie, la technologie ou les nanotechnologies ». En
architecture, on ne saurait négliger ce qui sépare la précision à l’infini
millimètre d’un dessin et l’édifice construit. « Chaque corps d’état
a sa gamme de tolérance de précision variant du millimètre à plusieurs centimètres,
selon les matériaux. La perfection d’une forme en informatique ne doit pas
faire oublier qu’un dessin parfait n’est jamais construit parfaitement.
Ces écarts de tolérance créent des fuites d’air importantes alors que
tout est fait pour éviter de gaspiller l’énergie. Résoudre cela en rendant l’enveloppe
étanche doit être la question majeure. » Veiller à ces questions est aussi une
façon de revaloriser les savoir-faire des métiers de la construction. «
Le choix de l’énergie utilisée dans ces bâtiments peut ensuite donner lieu
à de vraies recherches selon le contexte. Dans certains endroits, le
recours au biométhane sera possible et si l’on installe des panneaux
solaires. Ils ne seront pas identiques partout, car on tient compte
du climat, ce qui renvoie aux fondamentaux de l’art de construire. » C’est
dans le domaine de l’énergie que deux des grands projets industriels sur
lesquels travaille Michel Rémon témoignent d’expérimentations. L’Institut
national de l’énergie solaire de Chambéry, réalisé avec Frédéric
Nicolas, est autonome en énergie. Dans une telle institution, éviter tout
dégagement de CO2 lié à la climatisation ou au chauffage s’imposait.
Lors du chantier et notamment dans la liaison entre gros oeuvre et
second oeuvre, la mise en oeuvre a fait l’objet d’un contrôle qualité très attentif
afin d’éviter les ponts thermiques. La climatisation fonctionne à l’aide
de panneaux solaires qui, en hiver, servent au chauffage et à l’eau
chaude. Sur le plateau de Saclay, il livrera en 2017 des laboratoires
pour Air Liquide dont l’activité repose sur la transformation de l’hydrogène.
Dans ce bâtiment voué aux activités de pointe d’un leader mondial, l’architecture
prend une valeur démonstrative résultant de l’intrication très
étroite entre la qualité du construit et l’héliotropie. Le bâtiment
produit de l’énergie à hauteur de 100 kW/h et de l’eau chaude avec la
chaudière utilisant la plus grosse pile combustible de France. Ce
dispositif prévient tout dégagement de CO2 et de gaz à effet de serre
ou gaz NOx (toxique). Complétés par le recours au biométhane présent
sur le plateau, par l’électricité du réseau et des panneaux photovoltaïques
très performants fabriqués en Europe, les dispositifs énergétiques
permettent de réduire de plus de 15 % la consommation.
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