Architecte : Thibaut Robert Architectes & Associés Rédigé par les architectes Publié le 28/09/2018 |
Ancienne emprise ferroviaire située entre le faisceau ferré de la gare
Saint Lazare et le boulevard Pereire, le secteur Saussure est aujourd’hui défini
par la rue de Saussure, le boulevard Pereire et la rue Marie Georges Picquart. Le
secteur Saussure fait partie de l’ensemble plus vaste de la ZAC de
Clichy-Batignolles. Il en constitue la bordure Sud, et est connecté au reste de
la ZAC par deux passerelles qui enjambent aujourd’hui les voies ferrées.
L’immeuble de « 74 logements sociaux et 3 commerces » s’appréhende par les parcours qu’il offre et par la façon
dont il révèle son environnement. Sa forme est complexe mais ici naturelle. Son
vocabulaire est radical et puise dans des registres classiques et la matérialité
de ses façades est brute.
Rôle urbain :
Articulation urbaine, le projet
répond de deux façons à son implantation dans un îlot ouvert au sein du paysage
varié qu’est le secteur Saussure. Par sa volumétrie spécifique, d’une part, des
percées visuelles et des jours urbains sont créés en profondeur dans la
séquence construite de la rue. D’autre part, l’écriture forte du projet assure
de réaliser l’articulation entre les deux tissus urbains que tout semble
opposer : contemporain et hybride d’un côté et haussmannien de l’autre.
Flux :
Le rez-de-chaussée du bâtiment
constitue le point de départ d’un parcours sensible qui débute depuis l’espace
public, en passant par les porches, les passages en double hauteur aux plafonds
de bois, puis les parties communes en étage éclairées naturellement. Elle
aboutit aux cadrages de vues proposés dans les logements. Les flux sont
organisés suivant des séquences claires composant un paysage intérieur au
bâtiment qui prolonge les deux niveaux de références : celui de la rue, et
celui du jardin plus haut, et visible depuis la rue. Les locaux vélos disposés
à l’arrière prolongent les espaces extérieurs en de véritables halls d’entrées
de l’immeuble. Un jeu de clairevoies renforce la sensation réelle de pénétrer
dans l’immeuble tout en prolongeant la perception du paysage extérieur. Des
brèches dans la volumétrie de cette masse de béton ouvrent le ciel dès le
cinquième étage et trois entités y émergent. Ce volume reprend finalement
l’ordonnancement vertical des immeubles haussmanniens.
Appartements :
Les 74 logements sont organisés
selon trois niveaux courants prolongés par les trois derniers niveaux de
couronnement. L’ensemble étant disposé sur un soubassement de deux niveaux, le
rez-de-chaussée avec les commerces, locaux communs et le premier étage, les
logements sont conçus spécifiquement. La composition classique du plan a été
revisitée pour offrir, aux habitants et aux voisins, différentes expériences.
Mais aussi certaines pièces ont des angles précisément étudiés ouvrant des vues
cadrées qui préservent l’intimité. Des séquences d’entrées depuis la rue et
vers les logements sont composées selon une succession de liens visuels
sensibles. Les logements sont dans leur grande majorité pluri-orientés. Ils
disposent de généreux espaces extérieurs, en balcons, loggias ou terrasse.
Matérialité :
C’est aussi dans notre
interprétation du rapport qu’entretient le projet avec les immeubles
haussmanniens qui lui font face qu’ont été puisés les points fondateurs de
l’écriture du bâtiment. Les façades sont appareillées comme le sont les façades
en pierre de taille des immeubles parisiens. Le béton des façades du bâtiment
est réellement brut, sans protection ou finition. Il est coulé en place pour
affirmer et faire ressentir son rôle double : celui de peau, et de structure. L’écriture
des façades s’appuie sur les joints des banches des voiles béton, et sur un
fond de coffrage, que l’on appelle matrice, qui révèle les vibrations que peut
avoir le béton gris foncé des façades aux multiples facettes, selon différents
éclairages. La texture de cette matrice est inspirée des tableaux iconiques de
Pierre Soulages, les OutreNoir. Et ce travail met en exergue la volonté finale
sur cette façade foncée, un état de surface spécifique, créant un jeu de
lumière, en perpétuelle variation, fait de contrastes et d’ombres.
Maîtres d'ouvrages : Traa architectes (mandataires)/
Maître d'oeuvre : ICF Habitat la sablière
Entreprises : Tekhne (BET généraliste)/ Légendre (entreprise générale)/ Atelier Jour (paysagiste)
Surface SHON : 5 709 m2
Cout : 9.05 M € HT
Date de livraison : 2018
Lieu : Rue Buzenval, Paris (20) Maîtrise d’ouvrage : Elogie-Siemp Maîtrise d’œuvre : N… [...] |
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