Arata Isozaki. 1931 - 2022

Rédigé par Tarik ABD EL GABER
Publié le 02/01/2023

Arata Isozaki en 2019

L’architecte japonais, 46e vainqueur du Pritzker Price en 2019 s’est éteint à l’âge de 91 ans ce 28 décembre, chez lui, sur l’île d’Okinawa.

Un changement constant


Arata Isozaki nait en 1931 à Oita dans la préfecture de Kyushu, à mi-chemin entre Hiroshima et Nagasaki. Il déclarera que sa première expérience d’architecture sera le néant laissé par les deux bombes atomiques alors qu’il n’a que 14 ans. Entouré des abris construits par les survivants des bombardements, c’est contraint par l’époque qu’il commencera à s’intéresser aux manières de reconstruire.

Diplômé en architecture à l’université de Tokyo en 1954, il suit les enseignements de celui qui deviendra son mentor et partenaire de projets : Kenzo Tange. Conscients de l’urgence de la reconstruction du Japon, ils travailleront ensemble sur de nombreux projets dans les années 50-60, d’abord en tant que maître et élève puis en tant qu’associés. Cette coopération illustre en soi le « non-style » revendiqué plus tard par Isozaki. L’architecte considérait en effet que la collaboration entre architectes serait plus vertueuse que la compétition.

Parfois associé au Métabolisme à ses débuts du fait de sa proximité avec Tange, il s’en détache rapidement par rejet des vues purement utilitaristes du mouvement. Il déclarera que « dans l’idée de trouver le style le plus adéquat pour résoudre un problème, je n’aurais pas pu me limiter à un seul style. Le changement est devenu constant. Paradoxalement, c’est cela qui est devenu mon style. »

Complexité et contradiction


En 1963, il s’établit à son compte en fondant l’agence Arata Isozaki & associates et se lance dès ses débuts dans un travail de réinterprétation de références tant occidentales que japonaises. On pourra citer les bureaux de la succursale de la Fukuoka Mutual Bank à Oita, achevés en 1966 où Isozaki tente de pousser le béton et l’acier au-delà des limites considérées à l’époque dans une démonstration en porte-à-faux alors plutôt réservée aux architectes occidentaux contemporains du projet.


Les années soixante-dix sont marquées pour Isozaki par l’emploi de références plus historiques, en phase avec l’émergence du mouvement post-moderne en occident. Il invoquera des références telles que Claude-Nicolas Ledoux et Etienne-Louis Boullée pour des réalisations démontrant un amour grandissant pour la forme pure. Appliquant les principes de l’architecture parlante de Ledoux, Isozaki ira jusqu’à concevoir le country club de golf Fujimi, toujours à Oita au Japon, en forme de point d’interrogation, exprimant ainsi de manière taquine son incompréhension de la popularité du golf auprès du public japonais.

Prolifique et cosmopolite


L’œuvre d’Isozaki se déploie sur cinq continents, des États-Unis à la Chine en passant par l’Egypte, l’Australie et l’Allemagne, si bien qu’à son obtention de la médaille d’or du Royal Institute of British Architects en 1986, il obtient officiellement l’appellation de « pont entre l’Orient et l’Occident ». 

Des discothèques newyorkaises aux bureaux berlinois, d’un musée à Los Angeles à un gratte-ciel milanais ou encore un palais olympique barcelonais, des oreilles de Mickey en Floride aux branches d’arbre monumentales au Qatar, les réalisations d’Arata Isozaki, toutes aussi variées qu’atypiques ont fait de lui un vainqueur mérité du Pritzker en 2019 et un incontournable de l’architecture contemporaine mondiale.

Il disait sans cesse vouloir créer de la nouveauté et que tous les styles étaient empruntables. Le critique américain Charles Jecks lui répondra, à raison, qu’il aura poussé l’architecture occidentale un pas plus loin.

Les articles récents dans Actus brèves

Helsinki - lancement du concours international pour le nouveau Musée d’architecture et du design Publié le 16/04/2024

Le 15 avril, la fondation pour le Musée Finlandais d’Architecture et de Design a lancé avec l… [...]

Immersion en VR dans la Maison des Jours Meilleurs Publié le 02/04/2024

Soixante-dix ans après l’appel de l’Abbé Pierre, la galerie Patrick Seguin à Paris prend le … [...]

Première édition de l’European Collective Housing Award Publié le 28/03/2024

Présenté à la dernière édition de la Biennale d’architecture du Pays basque à Saint-Sébas… [...]

Exposition - Il était une fois les stades Publié le 19/03/2024

À l’occasion des JO de Paris 2024, la Cité de l’architecture et du patrimoine célèbre les s… [...]

TVK et Carmody Groarke, lauréats pour le Pôle de Conservation de la BnF à Amiens Publié le 12/03/2024

Le jury, présidé mardi 12 mars par Laurence Engel, présidente de la BnF, a retenu parmi quatre … [...]

Riken Yamamoto, Prix Pritzker 2024. Publié le 05/03/2024

L'architecte japonais Riken Yamamoto vient d'être choisi pour être le 53ème lauréat du Pritzker … [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Avril 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
1401 02 03 04 05 06 07
1508 09 10 11 12 13 14
1615 16 17 18 19 20 21
1722 23 24 25 26 27 28
1829 30      

> Questions pro

Vous avez aimé Chorus? Vous adorerez la facture électronique!

Depuis quelques années, les architectes qui interviennent sur des marchés publics doivent envoyer leurs factures en PDF sur la plateforme Chorus, …

Quelle importance accorder au programme ? [suite]

C’est avec deux architectes aux pratiques forts différentes, Laurent Beaudouin et Marie-José Barthélémy, que nous poursuivons notre enquête sur…

Quelle importance accorder au programme ?

Avant tout projet, la programmation architecturale décrit son contenu afin que maître d’ouvrage et maître d’œuvre en cernent le sens et les en…