Architecte : ARBA- Rédigé par Karine DANA Publié le 02/11/2018 |
Développée autour d’une boucle de la seine
à côté de Fontainebleau, la ville de thomery présente des conditions très
singulières d’implantation du bâti. le parcellaire est en effet déterminé par
la présence de centaines de murs à vignes. La trame de la commune est ainsi
composée d’épaisses lames parallèles en pierre, espacées de 6 à 8 mètres, telle
une architecture préexistante à tout projet.
Pour aborder l’insertion d’une maison individuelle située sur un terrain non seulement bordé mais également recoupé dans sa longueur par un de ces fameux murs de vignes, les architectes se sont interrogés sur la valeur de cet héritage : « Fallait-il le détruire, s’en libérer, l’oublier et recréer du neuf ? Réutiliser ses pierres ? Fallait-il garder cet objet intact, le “respecter” comme un arbre ou un objet de patrimoine ? Quelle est la liberté d’un architecte face à l’existant ? Nous avons considéré ce mur – bien encombrant, il faut l’avouer – comme un écosystème et comme une partie prenante du terrain. La maison est donc simplement une intervention sur ce mur. » Implantée entre l’un des deux murets limitrophes du parcellaire et le mur à vignes intérieur que les maîtres d’œuvre se sont contentés d’entrouvrir, la maison présente un plan en croix sur double hauteur et deux niveaux, ménageant un vaste espace principal au rez-de-chaussée entouré d’une coursive périphérique protégée. Juxtaposées à ce dispositif de circulation extérieure, les emprises maçonnées permettent une mise en tension des espaces mais également leur élargissement, leur dilatation. Elles définissent plusieurs frontalités : trois jardins distincts – au sud, à l’est et à l’ouest – offrant un ensoleillement continu tout au long de la journée.
Une maison-scène
Entre
murs à vignes et façades, l’espace intermédiaire abrité par le large débord de
toiture permet à lui seul d’opérer la liaison visuelle et physique entre les
jardins, dont on ne peut faire le tour en marchant sur le sol naturel. Très
efficace en termes de ventilation naturelle, cet entre-deux est le lieu
activateur de la mobilité des habitants : un intérieur en dehors des limites de
la maison permettant de sortir de l’enveloppe. Orientés sud, les châssis d’une
fenêtre à galandage disparaissent de part et d’autre du mur de pierre
entrouvert situé à l’intérieur de la parcelle et renforcent cette volonté d’établir
un rapport direct avec le dehors. Le muret fait ainsi office de façade
principale de cette maison invisible dans sa totalité. Plutôt qu’une
maison-objet, il s’agit là d’une maison-scène tant elle concentre et distribue
les points de vue. Nourris de cadrages et de mouvements circulaires, son
rayonnement et sa configuration rappellent la disposition du théâtre
multifrontal, apparu au XIXe siècle. Le rigorisme du plan, presque carré, la
triple orientation et l’espace libéré en léger surplomb ajoutent à cet
imaginaire scénique. Dégagé de toute descente de charges centrales, le rez-de-chaussée
capte l’animation verticale offerte par l’atrium et tout en même temps celle
des jardins en visà-vis. Les niveaux supérieurs accueillant des chambres et un
espace de travail donnent sur ce vide central. En apparence contraignante,
cette organisation et ces contingences liées au tramage existant offrent au
contraire des conditions de gradation et d’habitabilité très riches. En
brouillant les limites entre dedans et dehors, elles octroient aux habitants un
mode de vie ouvert et fluide, permettent des déplacements tant périphériques
que centraux, offrent des manières de s’asseoir tout autour de chez soi en
étant protégé et en éveil. Pour construire ces situations entre cadre et
liberté, les architectes ont opté pour un système constructif tout bois en
travaillant avec le même artisan pour des fondations jusqu’aux espaces
intérieurs. Constituée de quatre fermes, d’un double entrait bas moisé formant
poutre pour le plancher du R+1, et d’un entrait retroussé formant poutre pour
le R+2, la charpente est en épicéa et tous les assemblages sont boulonnés. Les
murs à ossatures bois assurent les contreventements et sont stabilisés par des
panneaux multifonctions (MFP) – panneaux préfabriqués composés de particules de
bois. Ces derniers font également office de second œuvre, évitant ainsi tout
doublage. Ils sont laissés apparents à l’intérieur et simplement peints en
blanc. La vêture extérieure, quant à elle, est en contreplaqué d’okoumé enduit
de résine de pin noire.
Maître d'ouvrage : privé
Maître d'oeuvre : arba-
Entreprises : BET thermique : Effilios – Entreprise bois : Barcque Charpentes – Menuiserie : Joly&Colas
Surface SHON : 108 m2
Cout : 266 000 euros HT
Date de livraison : 2017
Maîtres d’œuvre : FMAU, mission complète ; responsable projet, Frédéric Martinet&… [...] |
Maître d’ouvrage : NFU, ADIM Nouvelle AquitaineMaîtres d’œuvre : NP2F architectes… [...] |
Maître d’ouvrage : ministère de la Culture Maîtres d’œuvre : NP2F architectes… [...] |
Maître d’ouvrage : Mairie de Paris SLA 20Maître d’œuvre : L’Atelier Senzu (arch… [...] |
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