Dès la création de leur agence d’architecture UMWLET à Santiago du Chili, en 2012, Ignacio GarcÃa Partarrieu et Arturo Scheidegger cherchent à rompre avec le stéréotype de l’architecture chilienne comme étant réservée aux classes aisées, ayant pour symbole la maison de vacances posée dans un vaste paysage. Deux thématiques animent leur travail : la première concerne l’accessibilité des espaces culturels ; la seconde traite du rôle des infrastructures en tant qu’espaces publics dans le contexte de privatisation généralisée qui gagne le pays depuis la dictature militaire (1973-1990). À Santiago, m’expliquent les associés, il n’existe aucun budget collectif pour l’aménagement des espaces urbains. Les ressources dont chaque localité dispose pour cela dépendent entièrement de ses recettes fiscales internes, exacerbant les différences entre des zones occupées par des multinationales et des quartiers populaires. À cet égard, le métro présente l’avantage d’être géré à l’échelle municipale et de fédérer les usagers.
Quand, en 2019, les architectes d’UMWELT sont sollicités par la compagnie qui gère le métro de Santiago, en partenariat avec l’ambassade suisse, pour concevoir une installation artistique à la station Ñuñoa, dans un quartier emblématique de la communauté suisse de Santiago, ils la saisissent comme une opportunité pour mettre à l’œuvre leurs réflexions à la fois sur les espaces culturels et sur les infrastructures. L’art dans le métro de Santiago a une longue histoire : il a joué un rôle central pour inciter la population locale à utiliser ce nouveau mode de transport quand le réseau a commencé à être construit, à la fin des années 1950. Les premières stations étaient des sortes de Gesamtkunstwerk (« œuvre d’art totale »), issues des collaborations interdisciplinaires entre architectes, ingénieurs et artistes. Avec la démultiplication des stations, la place des artistes dans leur conception fut progressivement écartée, rendant les espaces parfaitement utilitaires et génériques en apparence. L’art n’a jamais disparu du métro de Santiago mais fait l’objet aujourd’hui de commandes pour des interventions éphémères financées par des acteurs privés. Des partenariats avec des ambassades s’inscrivent dans cette démarche. Au lieu d’investir un mur dédié de la station avec un objet qui ferait référence à la Suisse et qui risquerait de s’apparenter à une forme de publicité touristique, Partarrieu et Scheidegger ont préféré détourner la commande initiale. Ils commencent par regarder de près le fonctionnement de la station – un bâtiment de six étages souterrains avec des espaces surdimensionnés pour absorber les flux fluctuants des usagers. Cette étude préliminaire les conduit à élargir le nombre de sites pouvant accueillir une intervention et à articuler ces potentialités dans un masterplan échelonné dans le temps.
Une place souterraine dédiée aux usages spontanés
Accepté à leur grande surprise par le maître d’ouvrage dans son intégralité, le projet d’UMWELT se définit aujourd’hui comme (...)
Maîtrise d’ouvrage : ambassade suisse au Chili et Métro de Santiago
Maîtrise d’œuvre : UMWELT, Ignacio GarcÃa Partarrieu et Arturo Scheidegger
Calendrier : 2019-2021