Arène transformiste

Rédigé par Olivier NAMIAS
Publié le 12/09/2011

Vue du stade en configuration sport

Article paru dans d'A n°202

Pelouse ou grill sportif ? Digne héritier des architectures mobiles de Prouvé ou des constructivistes, le projet d'Arena de l'agence Colboc-Franzen apporte une réponse inédite au problème de changement d'emploi des enceintes multifonctionnelles. Un stade de rugby, une salle de spectacle et des bureaux : c'est le programme de l'Arena – terme générique désignant une enceinte polyvalente – de Nanterre. La commune limitrophe de la Défense doit ouvrir en 2014 un équipement de cette catégorie.


Il pourra accueillir trente mille personnes en configuration sport et jusqu'à quarante mille en configuration salle de spectacle, ce qui en fera la plus grande salle de France. Concourant avec GTM Vinci, Christian de Portzamparc a été déclaré lauréat de la consultation en février dernier, l'emportant sur trois autres finalistes (Wilmotte, AIA-Buffi, Marc Mimram).

L'agence Colboc-Franzen et associés avait participé à une première phase du concours, ouverte à vongt-sept équipes. Sa proposition répondait de manière originale à ce programme hybride aux exigences contradictoires : le terrain de sport doit être ouvert, tandis que la salle de spectacle, source de nuisances sonores, doit être isolée phoniquement du reste du quartier. D'autres problèmes viennent de la transformation de la surface de jeu en salle de concerts. À Nanterre, la Fédération de rugby avait autorisé la mise en œuvre d'une pelouse synthétique, ce qui limitait les problèmes d'entretien de la pelouse mais pas ceux de sa manutention. L'installation de la pelouse, stockée sous forme de rouleaux durant les périodes de spectacles, nécessite une préparation parfaite du sol. La tâche des concepteurs était compliquée par l'ajout de bureaux au programme, sur un terrain de taille limitée, contraint par la présence en sous-sol d'importantes infrastructures de transport : autoroutes, raquette de retournement de la ligne 1, puits de ventilation de tunnels, etc.

L'intégration de trente mille mètres carrés de bureaux à un stade de rugby avait pu mettre certains compétiteurs dans l'embarras : les bureaux ont été placés tantôt en bout de parcelle, tantôt en périphérie de l'équipement, ou encore en toiture. L'agence Colboc-Franzen avait pris ce dernier parti. Une nappe couronnant l'équipement rassemblait les surfaces demandées ; elle se calait dans un volume parallélépipédique limité en hauteur par la contrainte des normes IGH – le dernier plancher ne dépassait pas la cote de vingt-huit mètres par rapport au sol – et reposait sur quatre piles d'angle. Cette forme simple avait le mérite de générer une certaine urbanité, réglée sur la trame urbaine des terrasses voisines. Le volume du stade régularisait la parcelle, laissant une bande de terrain trapézoïdale au bénéfice d'un parvis profitant à une tour programmée sur le site voisin.
Mais le point fort du projet était le dispositif qui assurait la transformation du terrain de sport en salle de spectacle. La pelouse, naturelle et non synthétique, aurait été placée sur une résille tridimensionnelle formant un plateau mobile, se soulevant lors des spectacles jusqu'au niveau du plancher bas des bureaux. Le plateau faisait office de tampon acoustique et de grill technique, et permettait de transformer le programme sans toucher à la pelouse. Le dessin des façades valorisait cette mécanique gigantesque : le mouvement des contrepoids aidant au levage de la pelouse pouvait être visualisé à travers les vitrages.
Ce dispositif inédit et audacieux ne serait-il que le délire sans lendemain d'une jeune agence d'architecture ? Un procédé similaire aurait été déjà expérimenté dans deux stades aux États-Unis, et le système n'est pas fondamentalement différent de celui qui équipe certains ponts mobiles. La proposition refera peut-être surface à l'occasion de prochains concours : les maîtres d'ouvrage qui oseront édifier un tel équipement réaliseront à leur manière un bel exploit sportif…

> Photos

> Autres produits dans la même catégorie

Expérimentations décarbo…

En 1966, dans la forêt amazonienne, Wim Sombroek …

Une couverture tout en sou…

Comment concilier, finesse, légèreté, luminosit…

Fenêtre sur contes : un s…

En 2016, l’agence Kengo Kuma And Associates (KKA…

Par-delà le boulevard pé…

Aux confins de la ligne 13 du métro parisien, la …

La terre crue donne un nou…

On croyait les techniques de fabrication additive …

Construction en terre crue…

Difficile d’y échapper : la terre crue s’inst…

Le réemploi de terre cuit…

Plus évident pour le design de mobilier ou les e…

Alliage high-tech pour fa…

Habituellement utilisé pour l’industrie médi…

Faut-il bannir le béton ?

Les prescriptions de la Stratégie nationale bas …

VOIR ÉGALEMENT

>> Actus brèves
>> Parcours
>> Photographes
>> Livres
>> Point de vue / Expo / Hommage
>> Concours
>> Le dossier du mois
>> Le Grand Entretien
>> Produits utiles
>> Questions pro
>> Razzle Dazzle by Mehdi Zannad
>> D’A Lab - Design
>> Techniques

Les articles récents dans Innovations

Expérimentations décarbonées avec le biochar : une solution miracle ? Publié le 05/05/2023

En 1966, dans la forêt amazonienne, Wim Sombroek cartographiait de larges étendues d’un certain … [...]

Une couverture tout en souplesse. Halle des sports et pavillon d’accueil dans le parc du lycée Michelet de Vanves, par Explorations Architecture et le BET EVP Publié le 07/04/2023

Comment concilier, finesse, légèreté, luminosité et élégance pour couvrir des terrains de spor… [...]

Fenêtre sur contes : un skypool entre ciel et eau - Musée Andersen à Odense, Danemark, par Kengo Kuma and Associates Publié le 09/03/2023

En 2016, l’agence Kengo Kuma And Associates (KKAA) remporte le concours pour l’extension du mus… [...]

Par-delà le boulevard périphérique : Un prototype de serre urbaine de Lacaton & Vassal et Gaëtan Redelsperger Publié le 07/02/2023

Aux confins de la ligne 13 du métro parisien, la première couronne compte l’une des dernières f… [...]

La terre crue donne un nouveau souffle à l’impression additive Publié le 01/12/2022

On croyait les techniques de fabrication additive par impression 3D reléguées au passé – un on… [...]

Construction en terre crue : Un mégabloc bouleverse les règles Publié le 21/10/2022

Difficile d’y échapper : la terre crue s’installe dans le paysage du BTP! À l’heure actuell… [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Mars 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
09    01 02 03
1004 05 06 07 08 09 10
1111 12 13 14 15 16 17
1218 19 20 21 22 23 24
1325 26 27 28 29 30 31

> Questions pro

Quelle importance accorder au programme ? [suite]

C’est avec deux architectes aux pratiques forts différentes, Laurent Beaudouin et Marie-José Barthélémy, que nous poursuivons notre enquête sur…

Quelle importance accorder au programme ?

Avant tout projet, la programmation architecturale décrit son contenu afin que maître d’ouvrage et maître d’œuvre en cernent le sens et les en…

L’architecture au prisme des contraintes environnementales : le regard singulier de Gilles Perraud…

Si les questions environnementales sont de plus en plus prégnantes, les labels et les normes propres à l’univers de la construction garantissent…