Portrait de Balkrishna Doshi, Pritzker 2018 - Copyright Pritzker Architecture Prize |
L’architecte indien de 90 ans a reçu le Prix Pritzker 2018 le 7 mars
dernier et devient ainsi le nouveau doyen des lauréats de ce « nobel de l’architecture ».
La fondation Hyatt et son jury, présidé par l’architecte australien et lauréat
du Prix en 2002, Glenn Murcutt, ont souhaité récompenser Balkrishna Doshi afin
de « rendre hommage au caractère
exceptionnel de son architecture, dont rendent compte plus d’une centaine de
bâtiments qu’il a réalisés, à son engagement et son dévouement envers son pays
et les communautés qu’il a servies, ainsi qu’à son influence en tant qu’enseignant ». |
Balkrishna
Doshi est né à Pune, grande métropole indienne située dans la région de Maharashtra,
en 1927, dans une famille de tradition hindoue faisant commerce dans le
mobilier. Rapidement initié à l’architecture pour avoir montré dès son plus
jeune âge un intérêt pour l’art et un sens des proportions, il commence sa
formation à l’école d’architecture Sir JJ de Bombay à 20 ans, en 1947, l’année
de l’indépendance indienne.
Il part
ensuite à Londres afin de rejoindre le Royal
Institute of British Architects puis s’installe à Paris où il travaille
chez Le Corbusier. En recevant le Prix Pritzker, il insiste sur l’apport de ce
dernier : « Je dois ce prix
prestigieux à mon gourou, Le Corbusier. Ses enseignements m’ont amené Ã
questionner l’identité et m’ont poussé à découvrir de nouvelles expressions
contemporaines adoptées régionalement pour un habitat holistique
durable. » Il retourne en 1954 en Inde où Le Corbusier le charge
d’implanter ses projets à Chandigarh et Ahmedabad. A partir de 1962, il
travaille également avec Louis Kahn sur le projet de l’institut de gestion
situé à Ahmedabad. En 1956, il crée sa propre agence, Vastushilpa, aujourd’hui
renommée Vastushilpa Consultants et qui compte aujourd’hui soixante employés et
a, à son actif, plus d’une centaine de réalisations.
Parmi ses constructions
majeures, qui s’étendent des projets de logements à des institutions, son
agence d’architecture a sans doute été l’un des projets qu’il a le plus chéris.
Construite en 1980 Ã Ahmedabad, Sangath, dont le nom en sanskrit signifie
« mise en mouvement d’un corps par participation », associe
différents héritages et s’inspire notamment des styles du Corbusier, de Louis
Kahn ou encore d’Alvar Aalto. Le bâtiment est constitué de voûtes en grande
partie végétalisées et de fontaines. Une attention toute particulière a été
portée sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voulant créer
une architecture « personnelle et humaine », Doshi a cherché à concilier,
tout au long de a carrière, son admiration pour Le Corbusier et la culture
orientale, particulièrement sensible aux forces de la nature et aux enjeux
environnementaux.
Balkrishna Doshi s’est également
intéressé à l’urbanisme et à l’enseignement de l’architecture. Il a fondé et
dirigé l’école d’architecture et d’urbanisme d’Ahmedabad de 1966 à 2012,
renommée CEPT University en 2002. Il demeure directeur émérite et réside
toujours à Ahmedabad. Doshi a enseigné dans un grand nombre d’universités du
monde entier, notamment au Massachusetts Institute of Technology, Ã
l’université de Pennsylvanie ainsi qu’à Hong Kong. Particulièrement engagé pour
l’éducation, il a pris part à rédaction de la charte internationale de
l’enseignement de l’architecture, soutenue par l’union internationale des
architectes ainsi que l’UNESCO en 1995.
Cette
récompense couronne ainsi un engagement dans l’architecture et son enseignement
et vient s’ajouter à la reconnaissance nationale et internationale déjà acquise
par Balkrischna Doshi, qui avait notamment reçu la médaille d’officier de l’ordre
des arts et des lettres en France en 2011. Le Prix lui sera remis à Toronto le
16 mai prochain au musée Aga Khan.
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