Pour nos proches ou nous-même, nous sommes confrontés lors des rites funéraires à un environnement esthétique que nous maîtrisons peu. Nous sommes rarement préparés mais, surtout, c’est la puissance du lobby funéraire qui dicte ses choix. C’est sur catalogue que ces derniers se font, par l’intermédiaire d’un conseiller funéraire endossant la veste du conseiller commercial. L’offre y est standardisée à des prix prohibitifs et il est difficile d’échapper au kitsch funèbre qu’imposent les professionnels – même si certains surfent sur la vague écolo avec des cercueils en carton, des urnes en papier mâché, en sable ou en maïs, qui ressemblent à des Tetra Pak. Peu de designers se sont emparés du sujet. Le tabou est-il encore trop fort ? Ou les contraintes législatives sont-elles infranchissables ? Voici quelques propositions, plus ou moins récentes, qui questionnent notre rapport à la mort et repensent les objets funéraires en imaginant de nouveaux rites et cimetières plus respectueux pour le défunt, la famille et notre environnement.
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MOMTOMB L’artiste Wolfgang Natlacen crée en 2010 le monument funéraire Momtomb, une « tombe pique-nique » dédiée à sa mère, toujours vivante. La sépulture installée au cimetière de Mons-en-Montois, en Seine-et-Marne, accueille amis et famille pour des déjeuners festifs. L’artiste souhaite rendre ce lieu de recueillement plus vivant, comme cela est pratiqué dans d’autres cultures. CÆLUM Le designer franco-colombien Felipe Ribon interroge les terrains de l’inconscient et de l’impalpable. À l’occasion d’une carte blanche au musée des Arts décoratifs et du Design de Bordeaux en 2015, le designer dévoile sa collection « æ – objets médiums », une série d’objets destinés à la prise de contact avec l’au-delà . La série d’urnes funéraires Cælum est pensée comme une architecture, la dernière demeure du défunt. L’urne est fabriquée en marbre de Carrare, à partir d’une forme géométrique simple, qui se répète en tournant sur elle-même à 360°. L’effet de torsade crée un mouvement d’élan ascendant perpétuel, symbolisant le passage entre la vie et la mort. La collection extrêmement simple est pensée pour une production industrielle, déclinée en cinq figures géométriques pures, du cercle au pentagone puisque chaque forme génère une torsade différente. Dimensions : Ø 200 x 360 mm. KUNOKAIKU La photographe et designer américaine Marianna Jamadi constate à la mort de ses parents qu’il existe peu d’alternatives dans le choix des urnes funéraires à conserver chez soi. S’inspirant des cultes funéraires indien et balinais, pays où elle a voyagé, elle imagine « des urnes qui s’intègrent parfaitement à la vie », pour devenir des objets domestiques du quotidien. Sortie fin 2022, cette collection intitulée Kunokaiku, qui signifie en indonésien « ancien » et en finlandais « écho », est fabriquée en grès par l’atelier mexicain studio Menat. L’urne se compose de modules à empiler, le contenant du bas accueillant les cendres. Déclinée en trois tailles, l’urne forme un vase, un bougeoir, un objet sculptural ou une boîte à souvenirs avec laquelle on interagit : elle devient un objet auquel on porte attention. |
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