Il est des programmes qui participent activement à la vie d’une société, d’un territoire ou d’un village. La commande d’un centre socio-culturel par la commune de Cabrières constitue une pierre angulaire pour son renouveau, en accompagnement du transfert de la mairie actuelle vers le boulodrome.
Situé à une dizaine de kilomètres de la métropole Nîmoise, Cabrières est un village implanté sur les coteaux du même massif bordant la ville. À mi-hauteur, le village échappe au risque d’inondation et jouit de vues sur la plaine où la culture des vignes prospère. […]
Le long d’un chemin reliant le bas et le haut du village, du cimetière à l’église, le bâtiment joue la carte de la continuité bâtie et recrée un front urbain en investissant la frange nord et ouest du site. La forte présence minérale du projet en front de rue réintroduit la notion de continuité bâtis ancestrale des villages du sud de la France et cherche à contraster avec les maisons pavillonnaires qui cherches à s’en écarter. […]
Le bâtiment, grâce à son implantation, va ainsi préserver les déambulations existantes, tout en soulignant son tissu urbain. Le vide répondant directement à la masse bâtie, un espace public se dessine de lui-même.
Le cabriérois passera au travers d’un mur d’enceinte en pierre, émergence minérale de l’équipement public, pour traverser une place ombragée où un majestueux micocoulier est conservé, racontant aux visiteurs la mémoire du lieu.
Un lieu adapté aux usages multiples
Outre la forme donnée au bâtiment, cette dernière répond également à un programme particulier. La simplicité du fonctionnement résonne avec la pureté de ses formes.
Comme nous l’avons vu précédemment, le bâtiment abrite en son sein deux espaces majeurs : le hall d’accueil, et la salle principale. Ces deux pièces, continues avec les aménagements extérieurs, se dessinent par les interstices et les vides creusés dans l’ensemble minéral. Les pièces privées et techniques correspondent quant à elles aux socles massifs du projet. Les pleins et les vides composent l’évidence programmatique.
Alors que le hall d’entrée, ouvert sur l’esplanade, s’entoure, de part et d’autres, du bar et de la salle des associations, l’espace scénique de la salle principale s’adosse contre les locaux de rangement, les loges, et les locaux techniques. Chaque articulation du programme permet à l’ensemble de fonctionner par secteurs, et d’assurer une adaptation parfaite à chaque usage.
Durant les festivals de jazz, le public profite de la grande salle tandis que les artistes utilisent le patio pour accéder directement à leurs loges attenantes à la scène.
Un jour de loto ou de mariage, les usagers ouvrent largement la salle sur la placette et profitent de son espace traversant et continu sur l’extérieur.
Lors de séances de cinéma ou de représentations théâtrales, les rideaux occultants masquent les baies vitrées de la salle principale. Réunions associatives, séances de yoga, cours de ping-pong, ou élections...Chaque parcours découle de la forme générale. Chaque événement est anticipé. C’est le lieu du rassemblement et du partage, où se rencontrent et se retrouvent les habitants de Cabrières. L’équipement accueille des moments de vie, et concrétise des instants partagés.
Mais au-delà de l’évolutivité des usages qu’offre l’équipement, l’idée était également d’isoler par secteurs chaque ensemble de pièces, afin d’offrir sécurité et adaptabilité aux usagers.
Quant à l’approche acoustique du projet, véritable enjeu technique, sculpter la sous-face de la toiture tout en lui préservant son épaisseur nous aura permis d’y intégrer des parois acoustiques. Un système de panneaux modulables ainsi que des rideaux complètent l’ensemble au gré des événements que l’équipement accueille, jusqu’à assurer l’efficience acoustique face à des situations de musiques amplifiées, lors de concerts
Matière première
Ce projet de mégalithe raconte avant tout une matière, une minéralité. Le long du Chemin du Moulin à Vent, les socles en pierre racontent la propagation du matériau à travers la ville, soulignant l’histoire du lieu. Des blocs de pierre porteuse de 37 cm issus des carrières de Beaulieu composent leur structure tandis que des dalles de cette même pierre, posée sur plots, retournent le matériau en surtoiture. La ressource est locale. Elle assure la pérennité du projet dans le temps et dans son paysage. Depuis l’espace public, la pierre souligne l’ombre et la lumière et fait écho à la dimension élémentaire et intemporelle des dolmens. Elle fait appartenir le projet à son sol, l’intègre dans son paysage géologique. Construire un tel équipement public en pierre, c’est mettre en évidence les liens entre une culture de la fête et du rassemblement –une culture humaine– avec son sol et son paysage tellurique.
L’absence d’isolation intérieure permet de garder apparente la pierre calcaire depuis l’intérieur. Dans une harmonie de matériaux, des lattes de chêne sur chant pavent la salle principale tandis qu’un béton quartzé prolonge le sol extérieur.
Efficience énergétique
Représentatifs d’un bâtiment humble en faveur de son territoire, les matériaux se démarquent par leur faible impact énergétique. L’épaisseur de la pierre massive assure une inertie limitant les besoins d’isolation, elle-même gérée par l’emploi du liège, matériau biosourcé. Le choix d’une pierre locale réduit l’énergie grise induite par le transport et la transformation des matériaux de construction tandis que la poussière issue de sa découpe est réemployée dans les dalles de surtoiture.
Complété par une charpente en bois, le centre socio-culturel offre ainsi à Cabrières un équipement pérenne, puisant ses ressources dans son propre territoire.
Maîtres d'ouvrages : Mairie de Cabrières + SPL AGATE
Maîtres d'oeuvres : Atelier COMBAS Architectes Mandataires
ÉCONOMIE & OPC: EDIFYS
FLUIDES : CET
STRUCTURE: CALDER
QEB : CANOPEE
ACOUSTIQUE: MARSHALL DAY
Surface utile : 560m²
Coût de construction : 1 188 000 €HT
Date de livraison : Juin 2021