N° 160 - Décembre 2006

Si l’attention et les moyens qu’une civilisation consacre à l’art définissent son degré d’ évolution et de raffinement, nous devons être à l’apogée du règne de l’esprit. Fin novembre à New York, plus de 1,3 milliards de dollars se sont échangés en une semaine de ventes aux enchère s1. Un de Kooning de 1977 a été vendu pour 21 millions d’ euros et un Cézanne pour 25 millions! Cet engouement provoque une pénurie de lieux d’exposition, à en croire le combat auquel se livrent à Venise de grands collectionneurs pour exposer leur patrimoine dont ils ne savent visiblement
plus que faire. À quand un plan quinquennal pour la muséographie d’urgence?
Combien coûte un musée, vous demandez-vous? Eh bien le MAC / VAL, ce beau musée d’ art contemporain du Val-de-Marne construit à dix kilomètres du périphérique parisien, a justement coûté 25 millions d’euros... Avec cette équivalence, un tableau = un musée, l’équation se complique car si des collections ne trouvent pas de lieux d’exposition, on n’a jamais autant construit de musées et certains sont même lancés sans que l’on sache ce qui y sera exposé! Cet emballement, on l’aura compris, n’a rien à voir avec l’ art : à l’heure de la consommation intensive, du jetable et de la globalisation, les musées deviennent les arches de Noé de valeurs sacralisées, mais auxquelles on ne parvient plus à donner un sens dans nos vies quotidiennes. Rêvant de reproduire l’effet Guggenheim de Bilbao, les édiles font de la construction d’un musée la planche de salut d’opérations d’urbanisme, cette ambition tenant parfois même lieu de politique de la ville. Le pire étant lorsque cet esprit de muséification gagne la ville elle-même. Cette folie des musées devrait être, pour les quelque heureux architectes appelés à les concevoir, une opportunité de s’interroger à la fois sur leur rôle dans ce processus culturel et sur les formes que doivent revêtir leurs interventions. Si certains savent magnifiquement renouveler ce questionnement à chaque nouveau projet, d’ autres se contentent de répondre à ce pourquoi ils ont été conviés : reproduire jusqu’à la caricature un style devenu signature.
Emmanuel Caille

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