N° 320 - Octobre 2024

La prime au massacre

La rage de démolition ayant atteint la France depuis trois décennies ne semble plus pouvoir s’arrêter. Le système mis en place à travers l’ANRU il y a 20 ans avance comme un rouleau compresseur devenu fou. Si la question n’était que patrimoniale – lorsque l’on détruit des architectures comme la Butte-Rouge ou la Maladrerie –, ce gâchis serait déjà très préoccupant mais, bien plus grave à l’heure de la pénurie de logement, ces démolitions coûtent beaucoup plus chères que des réhabilitations, grevant d’autant le financement de nouvelles constructions. Elles ont surtout un bilan carbone catastrophique. Pourtant les maires ne détruisent pas forcément par plaisir mais parce que ces destructions leur donnent, via l’ANRU, accès à des subventions inespérées. C’est l’effet pervers de la prime au massacre. En dehors des habitants expulsés dont l’avis compte peu et qui sont, de fait, minoritaires, cette tabula rasa suscite par ailleurs presque toujours un enthousiasme populaire tant est répandue la croyance qu’avec la disparition de ces bâtiments – insalubres par manque d’entretien –, ce sont tous les problèmes sociaux et les erreurs ou carences d’aménagement du territoire qui s’évaporent miraculeusement.
La première chose à faire ne serait-elle pas d’utiliser les sommes colossales que dispense l’État dans ce carnage pour réparer et entretenir ces bâtiments ? Et comme le montre notre dossier du mois, on s’apercevrait que, dans beaucoup de cas de réhabilitations, on pourrait même se passer de cette manne. Manne dont les principaux bénéficiaires sont les promoteurs privés, dont on comprend qu’ils ont tout intérêt à prolonger ce système le plus longtemps possible.
Le coût urbain et économique de la sauvegarde de certaines constructions peut à quelques rares exceptions légitimer leur démolition et sans doute faut-il se garder de tout dogmatisme, mais viendra bientôt un jour où il sera difficile d’expliquer pourquoi, alors que l’on subissait une grave crise du logement et une pénurie de ressources, autant d’argent fut mis pour le démolir.

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Sommaire 

Parcours

» La Soda - Adoucir l'usage

Photographes

» Giaime Meloni : la vie des formes architecturales

Le Grand Entretien

» L’architecture n’est pas une fin Entretien avec Nicola Delon (Encore Heureux), le 27 août 2024

Razzle Dazzle by Mehdi Zannad

» L’IMAGE ZÉRO

Questions pro

» Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

Livres

Point de vue / Expo / Hommage

Concours

» Espaces communs Concours pour l’astrolabe, la scène des musiques actuelles d’Orléans, Fleury-les-Aubrais

Le dossier du mois

» ANRU, système de démolition
» 20 ans d'ANRU: les limites d'un système
» Changer l’objectif : de la mixité sociale par la démolition à la transition écologique des quartiers Entretien avec Renaud Epstein, professeur de sociologie
» Changer le regard : patrimoines à haut potentiel de transformation
» Patrimoines en danger : état de lieux
» En finir avec la doctrine de démolition-reconstruction
» Faire revenir le renouvellement urbain dans le droit commun de l’urbanisme
» Entretien avec Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’ANRU :« En vingt ans d’existence, la politique de renouvellement urbain a permis à 5 millions d’habitants de retrouver de la dignité par le logement »

Réalisations

D’A Lab - Design

» La parade du design

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» Menuiseries extérieures : sous le solaire exactement

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Quel avenir pour les concours d’architecture ? 3/6

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