Foucault associait cette architecture à une hétérotopie, c'est à dire à un espace qui obéit à des règles différentes ne coïncidant pas avec celles qui s'appliquent à l'espace extérieur de l'enceinte. L'hétérotopie, paradoxalement, agit cependant comme le reflet de la société dans laquelle elle prend place, mettant en exergue par l'illusion ou la perfection les rouages du territoire.

Géraud Soulhiol s'intéresse moins aux matchs de foot qu'à la typologie architecturale du stade en tant que monument, opérateur du spectacle ou outil politique. Par le photomontage, le dessin et la maquette l'artiste déforme, hybride ou mutile ces constructions. Contre-Stade-Vélodrôme présente ainsi le négatif de l'enceinte marseillaise, les tribunes s'offrant au spectacle de la ville comme pour décentraliser le regard. La série de 2013 Gratte-ciel se compose de trente photomontages, chacun représentant un stade dupliqué verticalement. Étrange superposition mono-programmatique à la Koolhaas, ils questionnent par la référence au gratte-ciel le statut de « symbole de notre époque ». Signal Iduna Park interroge quant à lui la longévité de ces constructions et leur état de ruine programmée, qu'il s'agisse d'une ruine temporaire (entre deux match) ou définitive (abandon des sites olympiques après la fête).

Géraud Soulhiol fabrique patiemment son cabinet de curiosité qui oscille entre artificialia et naturalia ; entre construction de l'Homme et créatures « hors »-normes. Montrant le stade dans tout ses états, l'artiste dévoile l'envers du décor et construit en filigrane le récit d'une typologie aussi politique qu'engagée. À découvrir jusqu'au 30 Juin.

22,48 m²

30 rue des Envierges, 75020 Paris

tél. +33 981722637

métro: pyrénées/jourdain ligne 11 / bus : 26