Dire et faire autrement l'architecture dans un monde en mutation - Processus et pratiques

Rédigé par Stéphanie SONNETTE
Publié le 26/04/2017

Les « îles blanches » de Lyon, ces terrains hors radars échappant aux « datascapes » et aux traces des internautes-arpenteurs.

Dossier réalisé par Stéphanie SONNETTE
Dossier publié dans le d'A n°253

Le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources, les catastrophes naturelles et industrielles, les guerres et les crises… la liste est longue des dérèglements qui rebattent depuis plusieurs années les cartes de l’équilibre mondial. Au niveau local, ils se superposent à d’autres tendances de fond : des inégalités territoriales et sociales toujours plus marquées, des finances publiques en berne, la montée en puissance de mouvements citoyens. Ces mutations incitent, dans les domaines de l’urbanisme et de l’architecture, à repenser les outils et les démarches traditionnels de conception et de construction, voire les métiers eux-mêmes, à tester de nouvelles approches plus collectives, des formes d’« utopies concrètes », que la Biennale de Lyon s’est donné comme ambition d’explorer. 

La Biennale Architecture Lyon (BAL) est née de l’envie d’une poignée de professionnels praticiens intervenant dans le champ de l’urbanisme, de l’architecture, de la communication, de la culture et du droit. Elle concrétise leur volonté d’échanger sur les pratiques de l’acte de construire, de fabriquer la ville et de ménager le territoire tout en partageant avec le public leurs réflexions et leurs processus de travail. Pour les accompagner dans cette démarche, ils se sont entourés d’un comité scientifique et artistique composé de Julien Choppin, architecte, collectif Encore Heureux ; Valérie Disdier, directrice d’Archipel, Centre de culture urbaine ; Nicolas Frize, compositeur ; Françoise Fromonot, architecte, enseignante et critique ; Michel Lussault, géographe, enseignant et chercheur ; et Pascal Rollet, Lipsky+Rollet, architecte praticien et enseignant. 

 

Carrefour des idées 

Sur le thème des processus et pratiques, un appel à idées a été lancé en juillet 2016 par l’équipe de la Biennale (Isabelle Leclercq, agence idé-il et Franck Hulliard, INterland), avec ce défi posé aux équipes candidates : produire des utopies tout en donnant à voir et à comprendre les mécanismes qui président au projet et à sa concrétisation, rendre visible les pratiques qui lui sont associées, interagir avec le public. La Biennale souhaite en effet être un espace et un moment où convergent des idées, des personnes, des dynamiques, qui permettront d’engager à terme de nouveaux partenariats hybrides. Pour Françoise Fromonot, « plus qu’un état des lieux, la Biennale doit être un relais entre l’enseignement, la recherche et la pratique, une sorte de carrefour qui pourrait participer à créer des échelles intermédiaires du collectif ». Julien Choppin, du collectif Encore Heureux, l’imagine comme « un facilitateur d’actions, d’expérimentations, un espace de découverte où l’on vient chercher des choses, pas un catalogue de projets que l’on aurait déjà vus ailleurs ». La création de l’événement est envisagée comme un processus en soi, très ouvert, qui s’enrichit de manière itérative des idées et des propos des participants dès lors qu’ils mettent en exergue l’évolution des pratiques et suscitent un débat, voire une controverse. Pour l’équipe de la BAL, les suites données à la Biennale sont tout aussi importantes que l’événement luimême. Ce processus a vocation à s’inscrire dans le temps, à susciter d’autres projets et d’autres initiatives pour ancrer les questions liées à la fabrique de la ville dans le débat public. 

 

Grand atelier 

Pendant un mois, la Sucrière et différents espaces publics de la métropole de Lyon se transformeront en un vaste atelier qui accueillera une trentaine d’équipes d’horizons divers : des chercheurs – Labex Intelligences des Mondes Urbains (IMU), Structural Xploration Lab (SXL) de l’EPFL –, des praticiens – Laisné Roussel, Studio Akkerhuis, Eric Frijters (FABRIC), Alain Vargas et Max Rolland (Tectoniques), Philippe Chiambaretta (PCA-Stream), Pierre et Rémi Janin (Fabriques), Philippe Rizzotti (PRA) –, des artistes – Thierry Boutonnier, Olivier Vadrot —, des étudiants – ENSA Clermont- Ferrand, Grenoble, Lyon, Paris- Malaquais –, des collectifs – BazarUrbain, Pourquoi pas !?, Collectif X, Collectif Etc. Pour la plupart de ces équipes, le moment de la Biennale s’inscrit dans un processus déjà en marche, qu’il s’agisse d’une démarche de recherche, d’un projet pédagogique ou de réflexions au long cours. Une étape pour certaines, un aboutissement pour d’autres. BazarUrbain ou PCA-Stream profiteront par exemple de ce temps pour publier une revue, pendant que d’autres testeront grandeur nature la faisabilité de leurs travaux de recherche, comme le Structural Xploration Lab de l’EPFL. Certaines, s’inscrivant dans l’héritage des années 1960-1970, opéreront également un retour critique sur d’autres expériences « utopistes », comme le World Game de Buckminster Fuller ou le quartier de la Villeneuve à Grenoble. 

 

Débats tous formats 

Concrètement, que verra-t-on, qu’entendra- t-on, que pourra-t-on faire à la Biennale ? Autour de plusieurs sujets : les processus collectifs d’action, l’usage raisonné des ressources, la transition écologique, l’innovation technologique, le public est invité à participer à des débats, des jeux et des jeux de rôle, à concevoir et à construire, à assister à un procès public, à un sommet international ou à une émission de radio en direct, et à explorer autrement le territoire métropolitain. Outre les équipes de praticiens, d’enseignants, d’étudiants et de chercheurs présentes sur place, plusieurs personnalités viendront confronter leurs points de vue au cours de conférences, de tables rondes et de duplex : Winy Maas (MVRDV), Alexandre Chemetoff, Hans-Walter Müller (sous réserve), Mario Cucinella, Cyrille Hanappe (AIR), Sophie Ricard (Construire), Émilien Robin (Boidot & Robin), ou encore Damien Carême (maire de Grande- Synthe), Olivier Mongin, Jean-François Augoyard, Sébastien Thiery, Jordi Colomer et Alain Bublex.


Lisez la suite de cet article dans : N° 253 - Mai 2017

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