Prototypes de briques cimentbiochar produites en 2020 par la team Jackalope de la faculté de sciences appliquées de Rochester (États-Unis). |
En 1966, dans la forêt amazonienne, Wim Sombroek cartographiait de larges étendues d’un certain type de sol. Cet agronome néerlandais ouvrait ainsi le champ de recherche sur la terra preta, terre noire en brésilien, un type de sol aux propriétés de fertilisation incomparables. Aujourd’hui désigné par le terme « biochar » (de biomass et charcoal, charbon), ce matériau est obtenu par la pyrolyse de matières organiques en milieu très pauvre en oxygène. Utilisé dans de très nombreux domaines grâce à ses propriétés physiques et chimiques, ce supermatériau fait aujourd’hui l’objet de nombreuses études et expérimentations quant à son application dans l’industrie de la construction. |
Dans notre dossier technique sur les « Bétons en transitions » publié en avril 2021 (n° 288), nous évoquions plusieurs pistes de développement plus vertueuses pour ce matériau connu comme l’un des plus émetteurs de gaz à effet de serre. Guillaume Meunier, directeur du pôle environnement du bureau d’études Elioth, passait au crible l’appellation « béton bas carbone » qui se répandait alors dans les catalogues des cimentiers avides de greenwashing. Il expliquait que l’obtention du label bas carbone tenait à la dilution de clinker dans du « laitier ». Ce composant calcaire demeurant malgré tout hautement émetteur de CO2 à sa production, la conclusion était claire : la clé pour un béton réellement bas carbone se trouve, entre autres, dans la quantité de clinker qu’il contient. C’est donc du côté des ingrédients du béton que notre regard se tourne et en particulier vers le biochar, un composant organique qui pourrait à terme se substituer au moins partiellement au clinker. Le biochar est issu d’une pyrolyse de matière organique sans oxygène à très hautes températures (de 400 à 800 °C). La majorité du biochar est produite à partir de biomasse végétale, en particulier des déchets agricoles ou des algues. Il est également possible de le produire à partir de fumier de bétail, la seule condition étant l’absence d’oxygène lors de la montée en température. Nous côtoyons ce matériau plus que l’on ne l’imagine : le biochar est en effet utilisé (...) |
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