Chantier |
Dossier réalisé par Matthieu FUCHS L’architecte Matthieu Fuchs, spécialiste des
matériaux à faible énergie grise, a déjà réalisé au sein de l’agence nancéenne
Mil Lieux plusieurs bâtiments avec des murs en terre : pisé pour la maison
de santé de Badonviller et l’IUT de Tarbes ; terre coulée pour la maison
des associations de Manom et l’école de Saint-Antonin-Noble-Val. Il partage
avec nous son expérience et sa vision de l’avenir de cette technique
prometteuse. |
D’a : Terre coulée, béton d’argile,
béton de terre… qu’est-ce qui se cache derrière ces différents termes ?
Tous expriment
la même volonté : proposer un nouveau procédé de mise en œuvre de la terre
crue au côté des techniques traditionnelles. L’objectif est de simplifier la
technicité pour trouver un système constructif adapté à un nombre plus
important d’entreprises. En effet, le pisé, très apprécié pour ses qualités
esthétiques, nécessite de la part des artisans un savoir-faire important, et
cette haute qualification est difficilement compatible avec les contraintes
actuelles de budget et de calendrier.
Derrière les questions sémantiques se cachent des pièges pouvant prêter à confusion. Ce qui est important, ce n’est pas le terme, mais la philosophie qui est derrière. Nous cherchons à proposer un produit proche du béton, mais avec un impact écologique réduit. Cela s’inscrit dans un questionnement plus global sur les notions de circuit court, de matériaux locaux et de réduction de l’énergie grise. L’utilisation du terme « béton d’argile » ou « béton de terre » laisse supposer que le simple remplacement d’un béton de ciment gris par un béton ocre avec un peu de terre solutionnerait la plupart des problèmes. Ce n’est pas le cas. Croire qu’à travers cette technique, on va pouvoir continuer à « bétonner » nos villes comme avant est une erreur. Je préfère donc utiliser le terme de « terre coulée ». Par ailleurs, comme l’explique très justement Romain Anger, directeur scientifique d’amà co, certains industriels à travers le monde se rachètent aujourd’hui une virginité en proposant des produits qu’ils appellent « bétons de terre », mais dont la formulation prouve qu’ils sont loin d’être vertueux. (...)
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