Architecte : Gijs Van Vaerenbergh Rédigé par Olivier NAMIAS Publié le 29/09/2015 |
Cent quatre-vingt-six tonnes d’acier nuance S235 sont déployées dans un labyrinthe dressé à Genk, en Belgique au pied du chevalement d’une ancienne mine de charbon transformée en centre d’art. Une oeuvre d’art qui doit aussi beaucoup à l’ingénierie.
Oscillant
entre l’espace du jeu et celui du cauchemar, le labyrinthe traverse
l’histoire de l’architecture depuis l’Antiquité. On le retrouve dans
la mythologie, les dallages des églises du Moyen Âge, l’art des jardins, voire
parfois l’urbanisme – de la ville médiévale aux dédales tridimensionnels
des stations de correspondance des mégapoles contemporaines. De
multiples explications tentent d’élucider les mécanismes qui ont pu
conduire à la construction d’un dispositif spatial des plus pervers, dont
le but aberrant est d’égarer plutôt que de guider, de désorienter
plutôt que d’orienter. Certains y ont vu une métaphore du savoir, du
cheminement de la spiritualité, de la perplexité des hommes face aux
mystères de la vie, aurait suggéré Borges. Ces figures hantent
sûrement nos inconscients comme celui de Pieterjan Gijs, un artiste belge
qui a conçu avec son compatriote architecte Arnout Van Vaerenbergh le
Labyrinth, une installation réalisée à l’occasion des dix ans du
centre d’art C-Mine, implanté sur le site d’une mine réhabilitée par les
architectes de 51N4E (voir d’a n° 202).
Le duo a réalisé en 2011 une installation remarquée, une sculpture reconstituant la volumétrie d’une église à partir d’un empilement de strates horizontales de tôles séparées par des montants verticaux, à la matière d’une étagère (Reading Between the Lines, Borgloon, Belgique). Une oeuvre faisant référence à une église iconique, alors que le labyrinthe de Genk, bien que sûrement investi de la symbolique de la forme, veut avant tout proposer une expérience spatia- le, proposant de redécouvrir le site au travers d’un assemblage d’un kilomètre de plaques d’acier de 5 mètres de haut sur 1,50 mètre de large, disposées dans un carré de 37,5 mètres de côtés.
LABYRINTHE 2.0
La figure
du labyrinthe pourrait s’offrir en parfaite métaphore des troubles du
monde actuel, comme elle représentait ceux des époques passées. Pour
ancrer leur installation dans un propos plus contemporain, Gijs Van
Vaerenbergh l’ont manipulée avec les outils actuels de l’informatique. Le réseau
de plaques voit son ordre perturbé par une série d’opérations booléennes
familière aux utilisateurs de logiciel 3D. L’intersection de volumes
virtuels avec les parois du labyrinthe détermine des percées visuelles,
des passages impromptus ou une altération du système formel du dispositif, reposant
sur l’orthogonalité. Les enfi- lades de cercles homothétiques découpés dans les tôles évoquent
Gordon Matta- Clark ou Dan Graham, des références assumées par les deux
concepteurs. Entre la commande et l’inauguration, deux mois à peine
se sont écoulés. L’utilisation de brique ou de bois avait été envisagée,
mais c’est l’acier qui répondait le mieux aux contraintes de coût et
de délai. Toujours pour des raisons de budget, l’épaisseur des plaques
a été réduite à 5 millimètres, cellesci étant soudées par des points
espacés de 30 centimètres, moins coûteux qu’un trait de soudure
continu sur la hauteur des panneaux. La faible épaisseur rajoutait des
difficultés, en augmentant la sensibilité au flambement. La chaleur
de la soudure pouvait aussi percer des trous dans le métal peu épais.
Des raidisseurs verticaux ont été installés ponctuellement et des tubes
fins en acier liaisonnent les têtes des plaques pour renforcer la rigidité
d’ensemble.
Toute la structure a été calculée par l’antenne parisienne
du bureau d’études allemand Bollinger + Grohmann, qui a également développé
les solutions techniques de soudure, d’accroche et de rigidification des éléments.
Le statut d’oeuvre d’art de l’installation a permis de diminuer les contraintes
admissibles au vent et de ne pas prendre en compte les questions de dilatation.
Le bureau d’études a été son propre bureau de contrôle.
« Il n’y a pas d’art sans liberté », proclamait un temps un slogan de l’artiste Ben, placardé sur un mur de la rue de Belleville, à Paris. Il faudrait ajouter que, dans le domaine de l’installation, il n’y a parfois pas d’art sans ingénierie, et sans une certaine distance avec les DTU.
Artistes : Gijs Van Vaerenbergh
Structure : Bollinger + Grohmann
Suivi de projet : Klaas De Rycke
Réalisation : Meuwes Laswerken
Livraison : Juillet 2015
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