Architecte : atelier Christian de Portzamparc Rédigé par Valéry DIDELON Publié le 01/09/2011 |
Christian de Portzamparc a récemment livré le bâtiment du conseil régional de Rhône-Alpes, un édifice aussi séduisant à l'intérieur que décevant à l'extérieur. Visite d'une architecture publique dans un territoire en devenir.
On l'a déjà évoqué dans ces colonnes (cf. da n° 199 d'avril 2011), la
première phase du projet de la Confluence à Lyon propose en guise
d'urbanité une accumulation d'architectures parfois massives et toujours
spectaculaires. Sur la table rase de la presqu'île, on trouve ainsi,
face à face, un grand ensemble imaginé par MVRDV, un immense centre
commercial conçu par Jean-Paul Viguier et le nouvel hôtel de Région
dessiné par Christian de Portzamparc. Ce dernier ne pouvait guère
s'appuyer sur l'espace public environnant : une esplanade en devenir,
une avenue plutôt rébarbative, une seconde ZAC hypothétique au sud-est.
Il a logiquement proposé un édifice très introverti. Sur le papier comme
dans la réalité, celui-ci se substitue aujourd'hui, Ã
travers sa « grosseur » comme dit Rem Koolhaas, à une ville générique
que seuls hantent quelques chalands et employés de bureau pressés. C'est
à l'intérieur que les maîtres d'oeuvre et d'ouvrage veulent au plus
vite nous entraîner, dans une gigantesque caverne où la vie publique
semble s'être réfugiée. Cet espace est difficile à décrire parce que
complexe, insaisissable dans sa totalité et ambigu par les registres
architecturaux qu'il convoque. En pénétrant dans le bâtiment par son
angle nord, on se retrouve au sommet d'une Grande Allée qui descend en
douceur entre deux imposantes ailes de bureaux. Ce vaste atrium, Ã
travers lequel s'élancent plusieurs passerelles, n'est pas celui d'un
quelconque siège social d'entreprise : il s'ouvre sur les côtés et vers
le haut afin d'offrir de multiples perspectives. Il est majestueux sans
être monumental, composé mais subtilement déséquilibré. En descendant
progressivement sous le niveau de la rue, on devine, en balcon sur la
gauche, un Plateau d'exposition et sur la droite, une autre terrasse
accueillant plusieurs édicules colorés. Parvenu au bas de la pente, on
découvre l'hémicycle régional. Depuis leurs bancs, les conseillers,
lorsqu'ils se retournent, perçoivent toute la séquence, l'allée où se
presse le public qui monte vers l'entrée et, au-delà , les immeubles de
la Confluence. De la cité à sa représentation et inversement,
l'architecture établit ici un lien simple et fort. Le microcosme imaginé
par Portzamparc
réserve encore des surprises. De l'autre côté
du Plateau d'exposition, on trouve un second atrium de taille plus
modeste autour duquel s'organisent les différents services de
l'administration régionale. Espaces publics et collectifs s'enchaînent
ainsi, au-dessus de l'hémicycle par un jardin suspendu
et plus loin dans le bâtiment, jusqu'à une terrasse haut perchée. Le
principe de composition de l'édifice, tel que l'architecte le décrit,
apparaît de manière assez limpide : c'est un bloc creux, taillé à la
serpe, sorte de ruche alvéolaire dans laquelle s'agitent 1 400 agents,
plusieurs centaines d'élus et de nombreux visiteurs. La matérialité de
ce labyrinthe d'espaces publics se décline en panneaux de chêne pour les
façades intérieures, en béton apparent pour les structures porteuses et
en verre et acier pour les verrières. L'écriture architecturale est Ã
la fois sculpturale et technique, virtuose et généreuse. Ce chantier de
40 000 mètres carrés a été mené tambour battant, en moins de trois ans.
Il a mêlé certaines problématiques d'ouvrages d'art – la réalisation de
trois bâtiments-ponts a nécessité la création d'une structure de grande
portée – à des exigences fortes en matière de détails. Les espaces de
bureaux sont ainsi soignés, variés dans leur configuration ; ils
échappent à la répétitive qui caractérise habituellement les immeubles
tertiaires. Les prestations de second œuvre sont de qualité, mais
visiblement bridées par un budget qui ne voulait pas s'embarrasser
d'apparat ostentatoire, l'exécutif régional semblant à l'évidence
soucieux d'affecter une certaine retenue. L'hémicycle a été adapté à la réforme territoriale en cours, qui accroît le nombre d'élus.
La
visite terminée, on peut cependant s'interroger sur la manière dont se
tient cet imposant édifice public dans la ville. Les croquis de
l'architecte, les images de synthèse qui circulent encore aujourd'hui et
les photographies de nuit du bâtiment, tout concourt à le présenter
comme un bloc fracturé et perméable à son environnement au nord et Ã
l'ouest. La réalité est malheureusement différente. Les immenses
découpes dans la masse sont évidemment obturées par des murs-rideaux de
verre et d'acier, très peu transparents pour des raisons techniques.
L'immeuble apparaît ainsi la plupart du temps comme parfaitement clos,
épousant de manière étanche les limites de sa parcelle, ne livrant rien
des activités qui l'habitent derrière son enveloppe de terre cuite
beige. Il contribue à l'âpreté d'un quartier où, on l'a vu, les objets
célibataires
se toisent par-delà des espaces publics sans grand
intérêt. Portzamparc n'a donc pas vraiment réussi à matérialiser à Lyon
ce qu'il avait déjà imaginé il y a quelques années avec son projet de
grande bibliothèque
pour Québec, et qu'il mène à bien aujourd'hui Ã
Rio de Janeiro, où le climat l'a dispensé d'installer des façades
vitrées autour d'un amoncellement fantastique de volumes architecturés.
Maîtres d'ouvrages : Conseil de la Région
Rhône-Alpes
Maîtres d'oeuvres : Atelier Christian de Portzamparc
Entreprises : Structure, Structures Île-de-France (SIDF) ; fluids, Setec Bâtiment ; Voix, Données, Images, IT Cal ; acoustique, Avel Acoustique ; scénographie, Ducks Scéno ; économiste et HQE®, Betrec Ig. ; paysagiste, Meristeme
Surface SHON :
45 650 m2
Cout :
Date de livraison : concours, 2006 ; livraison, printemps 2011
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