Les livres qui comptent (la suite)

Rédigé par . D'ARCHITECTURES
Publié le 16/12/2013

Livres qui comptent

Article paru dans d'A n°223

Comme tous les ans, d'a publie la sélection des meilleurs livres de l'année : livres qui comptent, livres utiles, livres à regarder ou à offrir et parfois tout cela en même temps !

Souvenirs de Paris. Hauts Lieux disparus. Ce qu'ils étaient… Ce qui les a remplacés

Par François Legrand. Photographies actuelles : Samuel Picas.

Éditions Parigramme. 16,5 x 24 cm, 143 pages, 12,90 €.

Paris change, se transforme, et des endroits autrefois chargés d'identité disparaissent pour laisser place à d'autres. Souvenirs de Paris. $Hauts Lieux disparus offre une approche « avant-après Â» sur la base de documents d'archives et de photographies actuelles accompagnés des commentaires de François Legrand. À la recherche de l'insolite, du début du XIXe siècle à aujourd'hui, cet ouvrage nous entraîne sur la piste d'un Paris révolu. C'est ainsi que l'on découvre entre autre La Taverne des truands, dont l'effrayante façade constituée de corps décharnés a laissé place à un théâtre d'inspiration art déco (Les Deux Ânes). Les souvenirs laissés par la littérature nous permettaient déjà de nous figurer certains lieux à l'activité incessante jusqu'à leur disparition, comme les Halles, racontées par Zola dans " Le Ventre de Paris "; ici sont évoqués des lieux tels que Les Bains chinois, détruits en 1853, qui étaient les plus célèbres de la capitale. Ces recherches révèlent un Paris lointain, un Paris à jamais disparu. (PM)



Haussmann, conservateur de Paris

Par Françoise Choay et Vincent Sainte Marie Gauthier. Éditions Actes sud. 13 x 24 cm. 128 p. 20 €

Paris pour mémoire. Le livre noir des destructions parisiennes

Par Pierre Pinon. Éditions Parigramme. 24 x 31 cm. 576 p. 49 €

Étrange coïncidence que cette double publication en 2013 de deux livres qui semblent se répondre. Le livre noir des destructions parisiennes, avec sa couverture noire comme une pierre tombale ne fait pas dans la dentelle. Il nous offre en revanche un document exceptionnel puisqu'il s'agit de tous les relevés des bâtiments qui ont été démolis pour mettre en oeuvre le Paris du Troisième Empire. Réalisé à partir de 1851 par l'architecte Gabriel Davioud, l'ensemble des dessins faits à partir de ces relevés ont brûlé dans l'incendie de l'Hôtel de Ville pendant la Commune. Heureusement, les relevés avaient été conservés par Davioud et ce sont les passionnants fac-similés de ces documents de travail qui sont publiés aujourd'hui. L'ouvrage de Françoise Choay et Vincent Sainte Marie Gauthier, Haussmann, conservateur de Paris arrive un peu comme l'antidote du livre de Pierre Pinon, tentant d'extraire Haussmann des caricatures dont son travail a été l'objet déjà à son époque. Des extraits des mémoires du baron qu'avait publiées Françoise Choay au Seuil il y a plus de dix ans sont ici opportunément reproduits. Ces passages donnent d'ailleurs envie de se replonger dans ce portrait d'un homme aux dons et au destin exceptionnels. C'est bien à une réhabilitation de l'homme que se livrent les auteurs, déplorant que seule la France dénigre encore le « destructeur du vieux Paris Â». Des témoignages d'admiration de ses contemporains ou de ses héritiers y sont également publiés. Enfin, photographies à l'appuis, une étude des bâtiments sauvegardés lors du percement du boulevard Saint-Germain tente de montrer que le baron savait épargner le patrimoine. Mais c'est sans doute là l'argument le moins convainquant de ce petit livre dont le mérite est surtout de nous inviter à reconsidérer une oeuvre que l'on a souvent jugé trop arbitrairement. (EC)


Paris déplacé du XVIIIe siècle à nos jours - Architecture, fontaines, statues, décors

Par Ruth Fiori, Éditions Parigramme, 20 x 23 cm. 278 p. 29 €.

Cet ouvrage rapporte les déplacements d'édifices parisiens, de fragments d'architecture, de décors intérieurs, de statues, de fontaines, parfois de quelques mètres, parfois d'un quartier à un autre voir dans d'autres villes. Il était courant autrefois de réemployer dans de nouveaux édifices des éléments d'architecture démontée. C'est ainsi que l'ancienne façade néo-classique de la gare du Nord fut remontée à Lille en 1869 pour devenir la gare Lille-Flandres. L'historienne Ruth Fiori recense plus de 200 déplacements illustrés par des vues anciennes in situ confrontées à des photographies actuelles.


Eugène Hénard – Études sur l'architecture et les transformations de Paris

Par Jean-Louis Cohen. Éditions de la Villette. 19 x 27 cm. 351 p. 30 €.

Architecte-urbaniste visionnaire généralement connu pour la réalisation du plan de l'exposition universelle de 1900, Eugène Hénard (1849-1923) a consacré sa carrière à l'aménagement et la modernisation de Paris. Il proposera de nouveaux modèles de voirie pour fluidifier la circulation, et usera de principes hygiénistes qu'il tient du musée social auquel il participe. Françoise voyait en lui un précurseur de la « technotopie Â» et il laissera derrière lui de nombreux textes et études qui resteront dans les cartons. Son Å“uvre fait désormais l'objet d'une réévaluation critique à laquelle l'historien Jean-Louis Cohen apporte ici son expertise et son crédit sous forme d'une longue introduction.


Suburbia

Par Bruce Bégout, Éditions Inculte

Tout autant que la pertinence d'analyse de ce philosophe, c'est la force de son écriture qui le distingue des montagnes d'essais sur la ville et les questions suburbaines qui paraissent chaque année (lire l'article de Guillemette Morel Journel paru dans d'a n° 219).


La main qui pense. Pour une architecture sensible

Par Juhani Pallasmaa. Actes Sud. 14 x 19 cm. 152 pages. 27 €.

Il y a des sujets si évidents, si vastes et en même temps si intimes que l'on renonce à en formuler le sens, préférant les ranger sous une aura de sacralisation qui est surtout une paresse de l'esprit. La main, sa capacité à traduire ou non ce qui nous est le plus propre, le plus secret et – espère-t-on – le plus à même de révéler au monde quel être sensible et subtil nous sommes. Il fallait toute la culture du Finlandais Juhani Pallasmaa, déjà auteur en 1996 de l'ouvrage $Le Regard des sens$ pour parvenir à relever ce défi. À l'heure du tout-numérique, il nous offre avec $La main qui pense$ un essai remarquable qui interroge la capacité de nos mains à rester un outil privilégié de la pensée. (EC)


Intranquilité théorique et stratégie du projet dans l'œuvre de huit architectes contemporains

Rafael Moneo. Éditions Parenthèses. 24 x 28 cm. 256 pages. 29 €.

« La façon d'aborder l'étude de l'architecture, au cours de ces dernières années, a conduit à la création d'essais critiques dictés par l'intranquilité théorique plutôt que par l'élaboration d'une théorie systématique Â», écrit Rafael Moneo. Rares sont les architectes qui comme lui osent porter un regard critique à la fois sur eux-mêmes et sur leurs confrères. En France, nous n'en connaissons en tout cas aucun. L'Espagnol a publié il y a deux ans un imposant ouvrage de réflexion sur son propre travail (lire l'article de Valéry Didelon dans d'a n°202 en 2011 et disponible sur notre site Internet). Cet ouvrage avait été édité antérieurement, mais il est enfin publié en traduction française. Il est construit à partir des cours que l'architecte a donnés à Harvard entre 1992 et 1994 et c'est une chance que ces leçons soient aujourd'hui disponibles. Moneo y analyse les Å“uvres de huit des plus éminents architectes contemporains : James Stirling, Robert Venturi, Aldo Rossi, Peter Eisenmann, Alvaro Siza, Frank Gehry, Rem Koolhaas et Herzog & de Meuron. (EC)


Raisons d'écrire. Livres d'architectes 1945-1999

Sous la direction de Pierre Chabard et Marilena Kourniati. Éditions de la Villette.

15 x 21 cm. 264 pages. 25 €.

Pourquoi les architectes écrivent-ils ? s'interroge ce collectif d'historiens à travers l'étude d'ouvrages séminaux du XXe siècle (Le Corbusier, Venturi, Scott Brown, Izenour ou Rossi). Au-delà des interrogations sur ce qui lie l'Å“uvre théorique aux réalisations, les auteurs ont aussi voulu traiter ces ouvrages comme des documents nous renseignant sur l'environnement socioculturel au sein desquels ils ont éclos. Cette attitude permet d'abord d'éviter les pièges de l'anachronisme, elle nous entraîne ensuite dans la connaissance d'une histoire souvent trop proche de nous pour qu'on l'appréhende avec objectivité. On ne peut cependant s'empêcher de suggérer aux auteurs de donner une suite à cet ouvrage : " Pourquoi les architectes n'écrivent-ils plus ? " (EC)


Smart Cities. Par Antoine Picon

Cernés par les images. Par Beatriz Colomina

Éditions B2. De 13 à 20 euros.

L'éditeur furtif B2 continue à nous réjouir avec ses petits opuscules insolites à mettre dans la poche. Cette année a été marquée par la sortie d'un inédit d'Antoine Picon, " Smart Cities " (lire l'entretien dans d'a n° 221). Érudition et amusement semblent être les mots d'ordre de la collection. Que l'on découvre, dans un texte de Beatriz Colomina, l'épopée de Charles et Ray Eames à Moscou en 1957 ("Cernés par les images") ou les délires paranoïaques des Américains dans " Un monde clos. L'ordinateur, la bombe et le discours politique à l'époque de la guerre froide " de Paul N. Edwards. Découvertes ou cours de rattrapage, la collection contribue ainsi régulièrement à l'édification d'un cabinet de curiosité de la culture architecturale. (EC)


Les carnets du paysage n°24 - Du dessin

Revue dirigée par Jean-Marc Besse et Gilles A. Tiberghien, Éditions Actes Sud, 21 x 24 cm. 240 p. 26 €.

« Le dessin, et celui du paysage en particulier, rend visible mais aussi lisible ce qui autrement resterait inaperçu ou simplement chaotique Â» écrit le philosophe Gilles A. Tiberghien en éditorial de ce numéro spécial des Carnets du Paysage. À l'heure de l'image numérique, le dessin reste un outil d'analyse et de communication essentiel pour un domaine où la représentation est un enjeux majeur de par la difficulté d'exprimer en peu d'espace un champs d'action de grande échelle. Acte essentiel pour celui qui s'intéresse au paysage, il est une façon de prendre connaissance du terrain, d'en dégager les lignes qui le structurent. Il sert aussi à inventer, à décrire et à extraire les potentialités, ce dont rendent compte ici des paysagistes comme Gilles Vexlard, Pascal Cribier, Bruel-Delmar ou Base qui témoignent de leur propres expériences.


L'avènement du monde – Essai sur l'habitation humaine de la Terre

Par M. Lussault, Éditions de la Découverte, Édition du Seuil, 297 p. 22€.

En cinquante ans à peine, le monde est devenu Monde. Une majuscule qui fait toute la différence. Elle montre qu'un nouvel espace social d'échelle terrestre s'est imposé à l'homme : celui de la mondialisation. Exhortant les analyses de la philosophie et de la sociologie, le géographe montre comment les modes de transformation accomplis par ce processus sur le quotidien des hommes est bel et bien tangible. Une analyse de la nouvelle organisation spatiale des réalités sociales, qui tente de répondre à la question : comment habiter, penser et organiser le monde ?


Walkscapes, la marche comme pratique esthétique

Par F. Careri, Éditions Jacqueline Chambon, 215 p. 21,80 €.

Fondateur du collectif Stalker, qui organise des marches urbaines, Francesco Careri a bien conscience que l'architecture, bien qu'inscrite dans une logique sédentaire, puise ses origines dans le monde nomade. La marche, le mouvement, est ce qui produit l'architecture et les paysages. Mais l'histoire du XXe siècle permet de saisir sa dimension artistique. En permettant de redécouvrir les espaces, elle est à l'origine de basculements dans l'histoire de l'art : que l'on pense aux visites-excursions de Dada ou aux dérives urbaines des situationnistes. Ce sont les imaginaires de la ville, découverts par ces différentes marches, que décrit ici Francesco Careri.


Guide pratique, technique et juridique - Maître d'œuvre Bâtiment

2ème édition, revue et mise à jour par Léonard Hamburger. Éditions Eyrolles. 17 x 24 cm. 386 p. 35 €

Remis à jour pour la RT 2012, ce guide répond simplement et en détail à toutes les questions que les nouvelles réglementations suscitent dans la pratique quotidienne des métiers du bâtiment.


Métier : architecte. Dynamiques et enjeux professionnels au cours du XXe siècle

Sous la direction de Claude Massu, Marie Gaimard et Élise Guillerm. 16 x 24 cm .358 p. 22 €

Cette publication de La Sorbonne rassemble les travaux (2008-2012) de l'École doctorale d'histoire de l'art de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Principalement centrée sur l'architecture contemporaine, elle examine l'évolution du métier d'architecte sous différents points de vue : les débats doctrinaux – les évolutions socio-professionnelles – les collaborations avec les diverses professions – l'avènement d'une offre nouvelle ; en s'appuyant sur la pratique, les questionnements et les réalisations de personnalités majeures de la scène architecturale internationale.


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