Les architectes ont toujours cherché à ouvrir leur discipline à d’autres champs que le leur. Une ouverture nécessaire à qui prétend comprendre le monde pour et dans lequel il construit. Cette attention aura malheureusement été rarement payée en retour : la culture architecturale – que l’on étend ici également aux champs de l’urbanisme et du paysage –, avec son jargon, ses codes et ses valeurs esthétiques, demeure irrémédiablement obscure, si ce n’est suspecte, aux néophytes. Mais s’ils ne parlent pas le même langage, comment rendre possible un dialogue entre différents acteurs – professionnels, édiles, habitants – engagés autour d’un projet ? « Faute de modèles, nous ne savons pas voir esthétiquement », nous rappelle dans ces pages le philosophe Alain Roger.
Car l’idée que le public se fait du paysage idéal s’est progressivement construite à partir de modèles désormais complètement inopérants. Ceux notamment issus de la peinture de paysages et qui ont généré jusqu’à aujourd’hui cette vision pittoresque du monde. Un imaginaire dominant dont seule une faible partie du public a conscience de la relativité culturelle et de…
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