Quand le privé s’en mêle

Rédigé par Christine DESMOULINS
Publié le 26/12/2004

Extrait du "moniteur des travaux publics et du bâtiment"

Dossier réalisé par Christine DESMOULINS
Dossier publié dans le d'A n°142 A la MIQCP, Luciana Ravanel a participé activement au lancement et à la diffusion de la politique des concours. Conseil auprès de maîtres d'ouvrage et d'architectes après avoir dirigé l'IFA, elle évoque aujourd'hui leur évolution. « Les concours lancés dans le cadre de la politique exemplaire de la MIQCP reposaient à l'origine sur des rendus légers. La moitié des membres des jurys étaient architectes, et les maîtres d'ouvrage sélectionnaient plus souvent cinq équipes que trois. Aujourd'hui, les prestations requises sont trop lourdes, et une consultation sur dossier avec audition est parfois préférable. En outre, la commande publique se raréfiant, d'autres champs de réflexion s'ouvrent aux architectes. Lorsque, dans les villes, les aménageurs sont véritablement soucieux de qualité urbaine et architecturale, ils mettent en concurrence des promoteurs privés, et l'architecture devient alors un atout décisionnel qui l'emporte sur la notion de moins-disant. »

Christian Hauvette, lui, a partiellement recentré son activité sur la commande privée. Sur une parcelle parisienne contraignante, avenue René-Coty, son immeuble de bureaux pour Pitch Promotion est un bon exemple. Comme Riciotti, Fuksas, Brenac et Gonzalez, Mas et Roux, Ferrier, Hammoutène, Marrec et Combarel, et d'autres encore, il fait partie des équipes retenues au second tour de la consultation promoteur-architecte organisée par la SEM Lyon Confluences, dont on connaîtra les résultats en fin d'année. Le cahier des charges de François Grether et Michel Desvignes impose aux promoteurs de rémunérer les architectes dès le stade de l'offre et de leur confier une mission complète. Attendons quelques années pour voir si la greffe prend entre enjeux architecturaux, fonciers et commerciaux.
Pour postuler sur des concours importants et se réorienter vers la commande privée afin de ne plus dépendre de la commande publique, Arène et Edeikins, Bolze et Rodriguez et Mas et Roux ont monté une structure commune, Ateliers 234.
« Longtemps lieu de la recherche, les concours sont devenus un lieu de distribution de la commande, dit Olivier Arène. Soumis aux règles européennes et aux règlements de toutes sortes, ce système très alourdi n'est plus au service de la qualité architecturale. Les maîtres d'ouvrage publics ont délégué leur mission à des mandataires ou à des maîtres d'ouvrage délégués (SAERP, SARRY 78, les SEM…) qui interviennent un peu partout sans être engagés dans une notion de service public. Les projets sont souvent mal budgétés, et les maîtres d'ouvrage acceptent rarement de l'entendre quand nous le leur démontrons. »
« Se tourner vers le privé est incontournable, et nous allons là où des programmes attendent des professionnels, ajoute Simon Rodriguez-Pagès. Quand Mas et Roux ont été invités pour la réalisation de la base de maintenance de l'A 380 d'Air France, la taille de l'agence était un critère. Trois semaines ont été nécessaires pour rédiger une note méthodologique en partenariat avec Ateliers 234. L'offre financière et les honoraires ont été ajustés avec la responsable administrative de la structure commune, en sachant que le maître d'ouvrage pouvait débloquer, selon les besoins, des missions complémentaires préalablement budgétées. À Cachan, dans le cadre d'un concours promoteur-architecte avec Bouygues Immobilier, l'équipe a pu apporter des idées dans une ZAC dont l'urbaniste Nicolas Illitch avait défini le cahier des charges. L'esquisse du concours était indemnisée par Bouygues Immobilier, notre client, avec qui nous dialoguions de la même façon que nous l'aurions fait dans le cadre d'un marché de définition. »
Les PPP n'en restent pas moins sous surveillance. Le carnet de route de la MIQCP de novembre 2003, qui tire un bilan de la procédure PPP/PFI en Grande-Bretagne, en témoigne. De même que l'article (disponible sur le site sfarchi.org) de Benoît Peaucelle, vice-président de la SFA, qui s'interroge sur leur moralité, la confusion des rôles, la perte d'indépendance et la dilution de responsabilités qu'ils entraînent.

Commentaire relatif à l'illustration :
Extrait du « Moniteur des travaux publics et du bâtiment » du 8.10.2004.
Notre commentaire : Ceux qui ont préféré aller se détendre ont bien fait… En effet, si 100 équipes avaient répondu, pour comparer 300 chiffres d'affaires (architectes, scénographes et BET cumulés), le jury aurait eu besoin – en comptant 5 minutes environ par dossier, et avec de bonnes lunettes pour ne pas mélanger les coefficients – de 15 000 minutes. Soit de 24 heures, sans manger ni dormir, pour examiner tous les dossiers
avant d'aller au lit bien trop las pour s'interroger sur la qualité des références architecturales ou scénographiques, qui doivent d'ailleurs, elles aussi, faire l'objet de calculs alambiqués qui nous échappent. Or, la tenue d'un jury de sélection n'excède généralement pas un après-midi…

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