Quel avenir pour les concours d’architecture ? 4/6

Rédigé par Christine DESMOULINS
Publié le 15/11/2024

Projet pour l’aménagement du quai sud du futur port de Porto-Vecchio en Corse, ORMA Architettura.

Article paru dans d'A n°321

L’apparente exhaustivité des rendus et leur inadaptation à la spécificité de chaque opération des programmes de concours nuit bien souvent à la qualité des choix du jury et même à la faisabilité des projets lauréats. Les architectes que nous avons interrogés témoignent de certaines aberrations, déplorant également l’effet délétère de la multiplication abusive des procédures de marchés négociés.

D’a : Peu confrontés eux-mêmes à la réalisation d’un projet, les AMO et les programmistes sont-ils vraiment à la hauteur quand ils rédigent des appels d’offres, des programmes et des règlements de concours ?
Bruno Gaudin : Avant tout concours, une difficulté tient à l’étude de faisabilité stratégique, indispensable pour que le maître d’ouvrage organise la consultation. Bien faite, elle évite des erreurs de programmation que les coupés-collés hâtifs d’éléments techniques insérés dans certains programmes favorisent à l’inverse. AMO et programmistes ont donc un rôle phénoménal dans ces consultations.
L’architecte lauréat n’a pas contractuellement droit au chapitre sur le programme. Pour mieux construire, il peut lui arriver de suggérer de le revoir un peu à la baisse. Certains maîtres d’ouvrage doutant cependant de l’économie du projet et de sa sincérité, le doute plane et il a rarement gain de cause. Cette suspicion ne touche curieusement pas les AMO, même s’ils sont chargés de la cruciale étude de faisabilité. Expliquer à un maître d’ouvrage que son étude de faisabilité démontre que le budget n’est pas suffisant demande beaucoup de courage à l’AMO – qui y renonce souvent. Il est pourtant essentiel que cette étude détermine les bons critères pour les décideurs. Or, elle est souvent surtout capacitaire, aux dépens du rapport au contexte et à la densité, pouvant ainsi exclure toute marge de manœuvre en contradiction avec les ambitions d’un concours.
Pour éviter de sous-estimer les budgets, trop de spécialistes de la programmation adjoignent des contraintes techniques et performancielles sans rapport avec l’économie du projet concerné. Au final, l’architecte sera incriminé même si ce n’est pas de son fait, et des arbitrages pourront ensuite lui être imposés sans égard pour la qualité.
Les demandes sont parfois trop nombreuses et peu hiérarchisées. En phase avec l’air du temps, il n’est pas rare qu’une référence de construction en bois, terre ou paille soit exigée. Les départements en sont friands pour leurs collèges. Imposer ce type de matériaux dans les cahiers des charges, c’est oublier que cela relève d’arbitrages. Le bois coûtant cher, j’ai proposé sur un concours une construction mixte mais c’est pénalisant.

Patrick Mauger : La justesse des éléments demandés et nécessaires est souvent liée à la qualité et aux compétences de l’AMO ou du programmiste. Certains savent travailler les programmes. D’autres relèvent souvent de bureaux d’études ayant pris la casquette de programmiste pour (...)

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