Perspective du concours perdu de la reconstruction de la mairie de Flers, Atelier Bruno Gaudin Architectes |
Structure des procédures, profil des équipes à monter,
références à afficher, éléments de rendus…, les concours publics connaissent
depuis quelques années des évolutions notoires. Quelles sont les conséquences
pour les architectes ? Déterminent-elles une architecture
différente ? En quatre chroniques à venir, construites autour d’entretiens
croisés avec des architectes praticiens de différentes générations et une
séquence finale avec Christian Romon,
secrétaire
général de la MIQCP (Mission interministérielle pour la qualité des
constructions publiques), nous allons
passer au crible les motifs et les effets de ces mutations. |
D’a : Vous participez
depuis longtemps à des concours publics d’architecture. Comment avez-vous vu
évoluer les appels d’offres et les prestations demandées ?
Corinne Vezzoni (agence créée
en 2000, architecte-conseil de la ville de Lyon pour la
mission Gerland et architecte-conseil de l’État) : « Je fais
partie de ces architectes qui ont bâti leur carrière sur les concours publics. Je
participe aussi à de nombreux jurys et j’assiste à la multiplication des
procédures de marchés négociés. Les communes veulent des projets clés en main
même si cela s’avère plus coûteux aux termes du contrat si l’on compte le
montant des loyers qu’elles acquittent. »
Marc Barani (agence créée
en 1989, Grand Prix national de l’architecture, ancien architecte
consultant de la MIQCP) : « J’appartiens à la génération qui a
bénéficié de la politique des concours publics des années 1990 et j’ai été consultant
de la MIQCP. Même si cette période peut être critiquée, les critères de
sélection étaient plus ouverts avec une mixité recherchée dans le choix des
équipes ; par exemple, deux architectes à l’écriture architecturale maîtrisée,
deux ayant plus spécifiquement des références sur le type de programme concerné
et une jeune équipe qui pouvait ainsi se constituer des références. Les trois
critères importants étaient donc pour les maîtres d’ouvrage : connaître le
programme, apporter un regard nouveau et inviter des jeunes.
Certains jurys privilégiant certaines doctrines
architecturales, il était toujours plus clair d’avoir des directives en ce
sens. Cela faisait l’objet de débats parfois vifs mais on parlait d’architecture
et non pas de grille d’analyse. Les résultats n’étaient pas toujours à la
hauteur mais rendre le débat possible restait essentiel.
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