Mais à quel usage ce bâtiment est-il destiné ? - D'A n°193

Mais à quel usage ce bâtiment est-il destiné ?

Un nouveau modèle de conteneurs signé Léon,Krier,en attente d’expédition vers la Chine.
Ce qu’il reste de la ville de Zaandam après la rupture d’une digue en terre batave.
Subprimes,un signe de la crise aux Pays-Bas:le stock d’invendus d’un pavillonneur autrefois prospère.
Une œuvre post mortem d’Arman.

Un hôtel de 160 chambres à Zaandam, Pays-Bas, par l’agence WAM.
Zaandam, c’est un peu la Hollande des cartes postales : si l’on y trouve des immeubles modernes, tels les logements construits par Tania Conko et Pierre Gautier, la région est surtout réputée pour ses nombreux moulins à vent en bois, trace d’industrialisation précoce de la fabrication du papier, apportant aujourd’hui une touche bucolique au paysage. La ville semble disposée à jouer la carte de la tradition, et les architectes de WAM – une agence dont le nom peut presque constituer un palindrome – paraissent bien décidés à creuser cette brèche sur un mode ironique. Après le fuck context de leur compatriote Rem Koolhaas, voici le mock context qui suit sa logique sans dévier d’un centimètre, quitte à rapprocher une fois encore l’architecture du parc d’attractions. Le centre-ville de Zaandam se pare maintenant d’un empilement de cottages de douze étages devenu, comme on peut l’imaginer, le bâtiment le plus marquant du quartier. Il fut un temps où les architectes auraient tout fait pour être modernes, rejetant en bloc les formes traditionnelles, pendant que d’autres confrères faisaient tout pour être régionalistes, un mode stylistique qui portait la nostalgie de rapports sociaux pacifiés d’une ère préindustrielle.
Wilfried van Winden, de WAM, est surtout soucieux de faire rire les copains: «Une connaissance m’a récemment confié: “quand je passe à Zaandam et que j’aperçois l’hôtel, un sourire apparaît sur mon
visage”. Vous ne pouvez guère trouver meilleur compliment», conclut Van Winden. Attention toutefois, les plaisanteries en béton armé sont loin d’être les plus courtes...

Olivier Namias