Mais à quel usage ce bâtiment est-il destiné ? - D'A n°199

Mais à quel usage ce bâtiment est-il destiné ?
  1. Inédit:le premier musée de la Peau de serpent.
  2. L’ambassade de la République populaire de Transyldavie.
  3. Encore une erreur de l’entreprise: le mur d’escalade de ce gymnase a été monté en façade.

Une résidence étudiante de 46 chambres à Paris. Laurent Niget architecte, Ville de Paris/Semidep maître d’ouvrage, 2011.
Tardivement percé entre 1912 et 1934, le dernier tronçon de la rue de la Fontaine-au-Roi conserve encore les cicatrices d’une opération de chirurgie urbaine violente. Entre pignons et murs aveugles, foyers ouvriers de mauvaise qualité et néomodernisme à visage urbain du début des années quatre-vingt-dix, la pauvre voie pouvait légitimement penser en avoir vu de toutes les couleurs. Il n’en était rien, et le rouge a été mis lors de la construction récente de deux résidences étudiantes totalisant plus d’une centaine de chambres. Brigitte Métra, auteure de celle sise aux numéros 91/95 de la rue, avait choisi cette
teinte pour égayer l’atmosphère et évoquer la vitalité de ce quartier, qui compte de nombreux immigrés asiatiques et maghrébins. L’Orient est rouge, nul ne l’ignore plus depuis la révolution culturelle
chinoise, pas tendre d’ailleurs avec les étudiants. Lauréat, peu de temps après, du concours pour la construction de la résidence étudiante érigée au
numéro88, Laurent Niget a repris cette gamme de coloris pour signifier un lien entre les deux unités et a utilisé pour cela des écailles d’Eternit, clin d’œil aux rénovations kitsch des années soixante-dix.
Impossible de se tromper d’adresse car le numéro est peint sur la grille, qui devient un vrai thème architectural décliné à l’envi dans ce rez-de-chaussée venteux, un matériau pouvant évoquer à certains les Caraïbes, mais dans leur version «base de Guantanamo». Passé cet épisode un brin inquiétant, on se retrouve dans un cœur d’îlot vert et ouvert, plus amène. Dans les étages, une peinture orange distille une ambiance festive de discothèque. Les écailles transparentes, qui en façade empiétaient sur les linteaux, se veulent une interprétation contemporaine des vitraux flamands, amenant un supplément
de couleur à l’intérieur de la chambre. Une lecture attentive de la réglementation urbaine a permis de créer cette façade en ventre et de gagner une dizaine de mètres carrés dans les premiers niveaux, de
quoi faire une ou deux chambres en plus, de la place pour de nouveaux copains. Une ruse que l’architecte résume ainsi: « on a pris le PLU et on a soufflé dedans ». Bien joué Laurent, mais attention au contrôle positif et gare au retrait du permis de construire à points !

Olivier Namias

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