Réponse : l’Institut La Trobe pour la science moléculaire, Melbourne, Australie. Lyons architectes.
Deux figures hantent l’architecture moderne plus que toutes les autres. La première est celle du « casier à bouteilles » développé par le Suisse Le Corbusier, qui présenta son audacieuse invention au concours Lépine de 1932. Vient ensuite la ruche, dont le créateur reste introuvable mais dont on perçoit la trace dans de nombreux bâtiments. Dans $The Beehive Metaphor$, Juan AntonÃo RamÃrez dresse la liste des édifices cultivant l’Esprit de la ruche cher au cinéaste espagnol VÃctor Erice, auteur en 1973 d’un film du même nom. Il pourra ajouter à son inventaire l’Institut de chimie moléculaire La Trobe, merveilleux croisement du rucher et du casier à bouteilles. Les alvéoles en façade sont le plus beau des hommages à l’insecte ailé en voie de disparition, et l’on rangerait tranquillement ses bouteilles de vin (australien) dans la maquette à l’échelle 1/10 du projet (il paraîtrait d’ailleurs que c’est l’usage qu’en fait le directeur de l’institut).
Pourtant, il serait extrêmement réducteur et rétrograde de n’y voir que le pâle mariage de deux métaphores en perte de vitesse. L’Institut est un condensateur, il rassemble dans sa carapace une myriade d’archétypes. L’œil à peine exercé reconnaît sans difficulté le radiateur, bien inutile sous le soleil australien, ou le grille-pain, voire le moule à gaufre. Hommage, encore, à la minorité italienne très présente dans l’ancienne colonie pénitentiaire britannique, une machine à pâte alimentaire, voire une grille d’extrusion pour briques creuses. La parution du projet sur Internet a suscité des commentaires partagés, des enthousiastes « waow spr k2ol j’adr » au plus argumenté et ironique : « J’aime la façon dont cette structure est située loin, bien loin de moi. » Plus philosophique : « C’est un désastre. Un désastre bien élaboré et bien conçu, mais un désastre quand même. » Un internaute conclut : « Je ne peux imaginer ce que sera cet édifice dans vingt ans. » Nous non plus. Mais en guise de coup de grâce, il termine par : « Ce qui est divertissant aujourd’hui sera le monstrueux de demain.* » Les abeilles s’en moquent : dans vingt ans, elles auront toutes disparu et pendant les quatre jours qui lui resteront à vivre, l’Humanité n’aura plus qu’à butiner les façades du La Trobe Institute, qui lui servira comme il se doit un bon miel moléculaire.
* Retrouvez ces commentaires (sauf le premier, qui est une pure invention) sur : <http://www.dezeen.com/2013/04/09/the-la-trobe-institute-for-molecular-science-by-lyons/>.
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