Mais à quel usage ce bâtiment est-il destiné ? - D'A n°223

Mais à quel usage ce bâtiment est-il destiné ?
  1. Une interprétation libre de l’Oikema (Claude-Nicolas Ledoux, circa 1780) par Ricardo Porro, près de Seix (Ariège).
  2. La maison de campagne de Rocco Siffredi, acteur de cinéma de genre, à Tendu (Indre).
  3. Le cabinet du docteur Gourdin, andrologue à Triqueville (Eure).

Réponse : Centre communautaire de la Christian Science Society à Dixon, Illinois, architecte inconnu.

« Désolé pour la poussière. NOUS CONSTRUISONS... une structure passive solaire, ultra isolée, un lieu de rassemblement où les âmes en quête spirituelle de toutes croyances pourront partager les perspectives spirituelles pour guérir notre monde », peut-on lire sur un panneau de chantier d’une petite ville de l’Illinois. L’intention est noble, la construction est simple, voire banale, et ne dépare en rien le quartier pavillonnaire où elle est insérée. Mais vu du ciel, tout bascule. Google Earth a exposé aux yeux du monde ce qu’un examen plus attentif du plan-masse aurait révélé au malheureux maître d’ouvrage. Les membres, virils ou non, de la Christian Science Society ont offert à Dieu un bâtiment biroutomorphe. Pénis soit le Seigneur! Posant les yeux sur la petite ville de Dixon (ou littéralement « le fils de l’Organe »), le Très Haut ne pourra s’empêcher de remarquer le troublant service trois-pièces tirant plus la brebis égarée du côté de la Sainte Verge que vers la Madone. Qu’on la juge obscène, drôle ou maladroite, l’implantation s’accorde avec le slogan qui rassemble la communauté : « Rising up » (en soulèvement).
Mais pendant qu’une partie de la blogosphère se gausse des malheurs de Dixon, une autre se passionne pour le stade Al-Wakrah, à Doha. L’enceinte sportive a été dessinée par Zaha Hadid1 pour la Coupe du monde de football 2022. Zaha a dit s’être inspirée d’un dhow, l’embarcation traditionnelle des pêcheurs de perles qataris. La presse anglo-saxonne unanime y voit avant tout « une ode géante aux parties intimes de la femme », ou constate, plus crûment, sa ressemblance indubitable à un va-jai-na. La journaliste Holly Baxter, du Guardian, s’en félicite même « dans un monde ou sport et vagins vont rarement ensemble avec une telle évidence ». Elle poursuit : « Après tout, quel mal y a-t-il à entasser 45 000 personnes à l’intérieur de l’appareil reproducteur féminin? Ce n’est pas comme si elles n’y avaient jamais été auparavant » Le vrai problème de cette double affaire n’est pas qu’il faille se préparer à ranger les ouvrages de photographie aérienne au rayon des livres pour adultes. Le drame, c’est que, séparés de 11 000 kilomètres, M. le Centre et Mme le Stade ne se rencontreront jamais et resteront à jamais condamnés par la géographie aux plaisirs architecturaux solitaires, alors qu’ils auraient pu engendrer la première génération spontanée de construction. Ah, si Dixon pouvait! Ah, si Doha voulait ! Il y a de quoi regretter que les bâtiments soient si incurablement immobiles!

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