Restructuration de l'Hôtel-Dieu : Bibliothèque-musée Inguimbertine de Carpentras

Architecte : Atelier Novembre
Rédigé par les architectes
Publié le 20/12/2024

Loin des concepts habituels, l’Inguimbertine, nom donné à la bibliothèque-musée de Carpentras créée en 1745 par Mgr d’Inguimbert, mêle fonds patrimoniaux écrits et graphiques, archives anciennes, bibliothèque de lecture publique et collections muséales (beaux-arts, ethnologie, archéologie et arts décoratifs). 
Souhaitant renouveler son offre culturelle, la ville de Carpentras décide de transférer l’Inguimbertine de son hôtel particulier du centre historique vers les espaces majestueux de l'ancien Hôtel-Dieu, autre grande institution conçue par Mgr d’Inguimbert en 1762.
Également ancrée dans l’histoire et l’identité de la ville, ce bâtiment classé Monument Historique en 1862 a exercé sa fonction sociale d’hôpital et de maison de retraite jusqu’en 2001 avant d’être fermé au public. Dans une symbolique très forte, la Ville prend alors l’engagement politique de porter le projet de réhabilitation de l’Hôtel-Dieu pour y déplacer l’Inguimbertine et toutes ses richesses. 
A l'issue d'un marché négocié, l'atelier Novembre est désigné architecte mandataire et scénographe de l'opération en 2010. 
Le parti envisagé est audacieux : tandis que toutes les villes de France font le choix de séparer leur musée et leur bibliothèque, il est décidé de préserver l’unité des collections en bâtissant le projet scientifique, architectural et muséographique sur leur caractère hybride et pluriséculaire. 
C’est cette originalité – un accès à la culture pour tous, ni cloisonné, ni standardisé – qui va permettre à l’institution de pérenniser son ancrage dans la ville, conférant au projet une vocation culturelle et touristique ainsi qu’une dimension éminemment sociale. 


Projet / Parti architectural

La morphologie « éclatée » de l'Hôtel-Dieu rend difficile les liaisons et la distribution. 
Afin de répondre aux contraintes du site, le projet architectural doit lier les niveaux entre eux et corriger l’introversion originelle de l’édifice.
De nouveaux cheminements sont ainsi proposés, qui prennent appui sur la composition de l'existant, et notamment la présence des cours, pour introduire de la perméabilité sur le site. Ce dispositif permet de faciliter certaines liaisons fonctionnelles internes, en les hiérarchisant, mais aussi de mettre en contact le public avec les espaces remarquables de l’Hôtel-Dieu. 
L’axe Est-Ouest principal (AA) met successivement en relation le parvis, la cour d’honneur, le vestibule, le jardin d’agrément et l’esplanade du parking, en accompagnant la déclivité du site.
L’axe Nord–Sud (BB), sur deux niveaux, propose d’autres séquences d’approche en partant de la cour Sud, longeant l’arrière du corps central de l’escalier d’honneur pour ensuite traverser la cour des Religieuses.
L’ensemble des services d’accueil du public sont ensuite logiquement positionnés à l’intersection de ces deux axes majeurs, en créant en extension un hall vitré adossé au volume de l'escalier d'honneur et à l’aplomb de la galerie de liaison constituée au niveau inférieur.
Ce dispositif place l’accueil dans une position centrale, proche des circulations verticales historiques, en clarifiant les circuits et en proposant une ouverture nouvelle sur le paysage du Mont Ventoux.
L’implantation des entités fonctionnelles s’organisent alors de part et d’autre de cette belle centralité qui prolonge et amplifie la symétrie originelle de l’édifice. Cette organisation contribue aussi, dans l’esprit même du concept d’Inguimbert, à la mixité des parcours des différents usagers (visiteurs, lecteurs, chercheurs, personnel…) propice aux échanges, aux rencontres et à la convivialité, tout en corrigeant l’austérité des lieux.

S’appuyant sur un schéma directeur établi en concertation avec le maître d’ouvrage, le projet est ainsi réalisé en trois tranches opérationnelles : la tranche 1A (bibliothèque multimédia), la tranche 1B (espaces d’accueil, plateau logistique et ateliers pédagogiques), puis la tranche 2 (musée, réserves et administration).


Attaché à préserver l’identité patrimoniale de l’Hôtel-Dieu, l’atelier Novembre cherche par ailleurs à valoriser le bâti historique en créant de nouveaux usages dont les implantations intègrent à la fois l’histoire des lieux, la typologie des espaces et leur morphologie, dans un dialogue « plein/vide » permanent. 
Le circuit de visite emprunte ainsi de manière privilégiée les espaces majeurs de l’édifice, invitant le public à la découverte de son histoire.

L'entrée principale de l'équipement se fait par la cour d'honneur, qui donne sur la galerie des Donatifs. 
Dans ce large vestibule, un ruban lumineux guide le public pour lui signifier la présence des espaces d’accueil et des différents parcours de visite – aménagés en autonomie les uns des autres. Outre sa fonction d'orientation, ce repère lumineux met en valeur l’architecture classique de l’Hôtel-Dieu par effet de décollement et de contraste. 
Il mène à la bibliothèque qui se déploie à rez-de-chaussée dans les volumes de l’aile sud – bénéficiant du balcon et des terrasses qui surplombent la cour sud. 
Et il conduit aussi aux deux portes latérales de l'escalier d'honneur, qui débouchent sur l'accueil du musée, implanté dans le seul volume en extension de l'Hôtel-Dieu.
Les espaces d’animation culturelle s’organisent quant à eux dans les salles voûtées du rez-de-chaussée bas en contact avec le jardin et la cour Sud, tandis que le plateau logistique de traitement des collections est implanté sous la cour des Religieuses.
Les salles du Musée se développent alors au niveau 1 autour de la cour d’honneur et dans l’aile sud en complément des espaces historiques du rez-de-chaussée.
Enfin, au niveau 2, les espaces de l'administration sont regroupés autour de l’ancienne cour des Religieuses ; puis les réserves occupent les espaces sous toiture, de moindre intérêt patrimonial.



Maîtres d’œuvres :

Ville de Carpentras / AMO - mandataire : Citadis

Maîtres d’œuvres :  

Atelier Novembre (architecte mandataire & Scénographe) Sud-Sud Est Architectures (architecte MH)

Artelia (BE. TCE - Economie de la construction)

AB Museo (Muséographe)

Jean-Paul Lamoureux (Acousticien)

Hervé Audibert (Concepteur lumière)

Tessibat (BE. Sécurité-Prévention)

Surface du projet : 14 500 m² SP

Coût : 21,7 M €HT

Calendrier : 

Tranche 1A (bibliothèque) : livrée en 2017

Tranche 1B (accueil & espaces d’animation culturelle) : livrée en 2018

Tranche 2 (musée et réserves) : livrée en 2022 

Scénographie muséale : livrée en avril 2024

Inauguration publique : le 19 avril 2024


Le jardin des religieuses<br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   <br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   <br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   <br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   <br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   L'escalier d'honneur et mes rubans lumineux en sous-face, conduisant aux deux portes donnant accès à l'accueil du musée<br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   <br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   <br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji Depuis la mezzanine<br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   <br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji   <br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji Cabinet d'Inguimbert<br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji Cabinet Barjavel<br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji Plan de situation<br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji Plan RDC<br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji Plans de coupe<br/> Crédit photo : SHIMMURA Takuji

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