Vue depuis le pavillon |
L’architecte
japonais Junya Ishigami investira les Kensington Gardens pour la 19e
édition de la Serpentine Gallery. Ses lignes oniriques ont séduit le
jury qui l’invite à y installer son pavillon du 20 juin au 6 octobre à Londres. |
L’architecture
de Junya Ishigami entretient toujours un lien étroit avec le paysage. Elle le
met en scène au travers de parois vitrées, comme dans la galerie du Park
Vijvesburg aux Pays- Bas. Elle le modifie profondément, comme à Toshigi où l’architecte
déracine plus de 300 arbres pour les replanter dans un terrain adjacent. Pour
le pavillon de la Serpentine Gallery, l’architecte propose un toit d’ardoise sombre,
soutenu par des poteaux si fins qu’il semble flotter sur les jardins, découpant
le paysage en une étroite bande horizontale.
Nous
découvrions avec étonnement, il y a quelques mois, l’architecture singulière et
raffinée de l’architecte japonais, lors de l’exposition Freeing architecture qui se tenait à la fondation Cartier à Paris.
Ses projets étaient présentés dans une
série de vidéos, de dessins minutieusement exécutés, et de
maquettes de grandes dimensions. L’exposition, forte de son succès, avait été
prolongée. Sans doute se laissait-on emporter sans effort dans l’univers étonnant de l’architecte nippon, mais on appréciait également la grande
cohérence qui régnait entre le contenu de l’exposition et l’espace qui
l’abritait : les parois transparentes et les structures légères imaginées
par le japonais entraient en résonance avec les grands pans vitrés de la
fondation, conçue par Jean Nouvel, dans un sentiment de mise en abyme assez
saisissant.
Formé
à l’Université des Beaux-Arts de Tokyo, Junya Ishigami se forme au sein de l’agence
SANAA avant de fonder la sienne en 2004. Récompensé par le Lion d’Or lors de la
Biennale d’architecture de Venise de 2010, sa réalisation la plus importante
est sans doute l’Institut de technologie de Kanagawa. Son écriture
architecturale se nourrit de lignes ondulantes, parfois presque enfantines, et
d’un lien toujours étroit avec la nature. Le paysage inonde ses espaces dans
des édifices aux structures quasi-invisibles, dans d’autres projets, il creuse
dans la masse et produit des espaces sculpturaux, comme le restaurant
troglodyte qu’il imagine à Yamaguchi. L’architecte multiplie les
expérimentations mêlant inventivité technique et poétique.
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