Considérer l’existant : plus de matière grise pour moins de matière première

Rédigé par CATHERINE BRETRAM, VIGINIE LAPIERRE, LUCAS MONSAINGEON ET CATHERINE SEYLER
Publié le 20/11/2023

Requalification des cités Lemay et Sainte-Marie à Pecquencourt ©Cœur d'Ostrevent Tourisme

Dossier réalisé par CATHERINE BRETRAM, VIGINIE LAPIERRE, LUCAS MONSAINGEON ET CATHERINE SEYLER
Dossier publié dans le d'A n°312

par Christine Leconte, architecte, présidente du Conseil national de l’Ordre des architectes
 

Le projet développé dans le bassin minier est un exemple pour de nombreux autres territoires et pour d’autres types de situation que nous rencontrons aujourd’hui en France. Son processus est exemplaire car il est porté par une chaîne d’acteurs et de valeurs sur les questions architecturales, patrimoniales et écologiques dont la réussite bénéficie in fine au territoire et à ses habitants. Il faut en tirer des conséquences en dehors du seul cercle des acteurs du patrimoine et des bailleurs sociaux engagés, pour montrer que la réhabilitation et la transformation des ensembles urbains hérités des XIXe et XXe siècles sont possibles, plutôt que leur démolition. Cette attitude engage un vrai changement de logiciel dans nos pratiques quotidiennes et usuelles de l’acte de bâtir.

Aujourd’hui, 80 % de la ville de demain est déjà-là. C’est la fin de la ville facile, où l’on n’hésitait pas à gaspiller matières, ressources et sols fertiles. Il est nécessaire de mobiliser plus de matière grise en amont des projets pour utiliser moins de matières premières sur nos chantiers. Il faut désormais diagnostiquer, passer du temps à comprendre comment ces ensembles ont évolué, comment ils ont vécu. Ensuite, il faut y croire pour porter des projets architecturaux intelligents de réhabilitation. Dans ce bâti patrimonial ancien, parfois très dégradé, mais qui a le mérite d’exister et qui constitue notre héritage et notre patrimoine, il faut prendre le temps de refaire. Or, seule l’architecture est capable d’apporter davantage de confort, de l’adaptation, de nouveaux usages et bien sûr des qualités spatiales.
Nous arrivons à un moment où la politique patrimoniale est confrontée de plein fouet à la politique écologique. C’est une immense chance : nous ne sommes plus dans une politique patrimoniale isolée. Nous ne sommes plus dans une époque où le patrimoine est un frein. Aujourd’hui, c’est l’inverse : le patrimoine est une chance et une solution face aux enjeux écologiques. Il suffit de regarder la crise géopolitique et l’augmentation du coût des matériaux pour se rendre compte qu’une démolition-reconstruction, c’est en moyenne soixante-dix fois plus de matériaux utilisés qu’une réhabilitation : à un moment donné, le coût va peut-être basculer dans l’autre sens. Et ce, même sans parler du coût carbone.
En parallèle, l’Ordre des architectes, au niveau national comme au niveau régional, est submergé depuis quelques années d’alertes de confrères ou d’associations locales sur la question de la démolition des grands ensembles de logements sociaux, comme le Mirail à Toulouse ou la Butte-Rouge à Châtenay-Malabry. Chacun a clairement des intérêts patrimoniaux nationaux et d’usages. La Butte-Rouge est par exemple quasiment un écoquartier avant l’heure. Au XXIe siècle, les démolir est une ineptie, d’autant plus quand (...)

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