De l'évidence impérieuse d'en être

Rédigé par Maryse QUINTON
Publié le 01/12/2022

Bâtiment ERDEN Werkhalle de Martin Rauch

Dossier réalisé par Maryse QUINTON
Dossier publié dans le d'A n°303

En 1957, Marcel Lods prophétisait la disparition pure et simple du chantier, prêchant pour sa paroisse – celle de la préfabrication – et assénant : « Le bâtiment de demain sera fait en usine. On verra disparaître, dans toute la mesure du possible, ce qui ne subsiste actuellement que dans le seul bâtiment, c’est-à-dire “le chantier”. Qu’est-ce que le chantier ? C’est un lieu situé en plein vent, assez généralement sans sol fini (d’où gadoue totale à moindre pluie) dans lequel les ouvriers œuvrent sans abri contre l’eau et le froid, en constituant de toutes pièces, puis en les assemblant, des éléments réalisés sur place dans des conditions d’inconfort telles qu’aucun rendement raisonnable ne saurait être espéré. Il suffit d’avoir pratiqué professionnellement le chantier durant quelques décades pour se rendre compte que l’on ne peut guère croire à la possibilité de son évolution profonde. […] Gâchis d’argent, gâchis d’énergie, détérioration par une profession du travail des autres… Le chantier doit disparaître, remplacé par un atelier de montage. On ne “maçonnera” plus, on assemblera1. » Soixante-cinq ans plus tard, force est de constater que le chantier n’a pas disparu. Il est devenu polymorphe, ses limites dans le temps étant de moins en moins définies, jusqu’à être ouvert au public chez Patrick Bouchain qui en a fait « un acte culturel2 ». Ce que Marcel Lods n’avait pas prévu, c’est que la présence de l’architecte ne serait plus une condition sine qua non de la réalisation d’un projet. Si la loi MOP n’autorise pas cette éviction, faisant de la mission complète – de l’esquisse jusqu’à la réception des travaux – la règle, il n’est plus rare, en maîtrise d’ouvrage privée, que le champ d’intervention de l’architecte se limite à la conception et au permis de construire, et que le chantier soit ensuite confié à quelqu’un d’autre. Une prise de distance assez symptomatique de la mise à mal de la profession (...)

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