Insérer une enclave sécurisée dans une ville en devenir. Concours pour la construction d’un pôle de conservation pour la Bibliothèque nationale de France à Amiens

Rédigé par Richard SCOFFIER
Publié le 27/08/2024

Article paru dans d'A n°319

Comment inscrire une partie de la collection de la Bibliothèque nationale, un espace sécurisé en partie robotisé, entre trois sites en devenir : une friche hospitalière en attente de sa reconversion, une université destinée à se développer et des grands ensembles en crise ? Telle est la question posée par l’OPPIC à quatre équipes internationales d’architectes.

La Bibliothèque nationale de France implique dans ses statuts de conserver tout ce qui se publie en France : livres, journaux, brochures… Des masses énormes de papier doivent ainsi être préservées à l’abri de la lumière et de l’humidité. Pour des raisons de place et de coût, une partie de ces stocks peu consultée a déjà été décentralisée en grande banlieue, notamment à Bussy-Saint-Georges, en 1995.
Pour répondre à la croissance exponentielle des collections, un concours a été lancé par l’OPPIC l’année dernière pour concevoir un nouveau lieu de stockage high-tech des périodiques. Un espace compact plongé dans une nuit permanente et dans un air à l’oxygène raréfié pour éviter tout risque d’incendie. Un milieu dans lequel seuls les robots ou des systèmes robotisés pourront évoluer…
Ce nouveau pôle s’installera dans la partie orientale de l’ancien CHU Amiens, un hôpital pavillonnaire construit à la fin des années 1920 et définitivement tombé en déshérence en 2023 au profit d’une construction plus récente édifiée au sud de la ville. Un territoire grevé d’autres enclaves : la citadelle construite au début du XVIIe siècle pour surveiller la ville qui accueille aujourd’hui une partie de l’université Jules-Verne conçue par Renzo Piano ainsi que les célèbres quartiers nord et leurs grands ensembles construits pendant les trente glorieuses pour accueillir la main-d’œuvre immigrée.
Le programme demandait deux unités distinctes : l’une centrifuge et ouverte sur la ville, pour traiter les documents entrants et les classer avant de les emmagasiner ; l’autre centripète et fermée sur elle-même, pour maintenir les collections dans des conditions optimales de conservation. L’une pour les humains, l’autre pour les robots…
Les réponses se classent en deux catégories bien distinctes : celles des équipes françaises et celles des équipes étrangères. Les premières se sont ingéniées à intégrer la masse compacte de l’espace de conservation dans le tissu urbain en privilégiant les espaces d’activité. Les secondes ont renversé le problème et ont mis en évidence les magasins automatisés.
 
 
Créer une transparence virtuelle
[Projet lauréat]
Maîtres d’œuvre : TVK (mandataire) et Carmody Groarke
BET : Atelier Roberta (paysage), EVP Ingénierie (structure), Ingérop (fluides, thermique), VPEAS (économie de la construction), Buro Happold (ingénierie environnementale), Willhey Ltd. (intralogistique)
La proposition des lauréats se décompose en deux blocs distincts correspondant aux archives et aux bureaux. Le premier, massif et allongé, vient s’inscrire dans l’axe majeur de l’hôpital défini par son monumental pavillon d’entrée. Un positionnement qui permet de souligner visuellement la relation est-ouest entre la friche hospitalière en devenir et les quartiers nord. Prenant en compte la topographie du site et la pente qui descend vers la citadelle, ce parallélépipède hermétiquement clos s’enfonce au nord dans le sol pour renforcer son inertie et se placer, de l’autre côté, de plain-pied avec la zone de livraison. Le second bloc, plus ramassé et élancé, se dresse au sud vers la ville, posé sur une terrasse qui contient les espaces de traitement des archives contrôlant l’accès à la zone de stockage, dont l’atmosphère est étroitement régulée.
Cette composition scénographique, articulant un objet-acteur dressé devant un fond neutre qui le met en valeur, est encore accentuée par (...)

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