L'architecture, une question de féminisme

Rédigé par Stéphanie DADOUR
Publié le 10/12/2018

Photo de l’entrée du siège social de l’Association nationale d’opposition au suffrage des femmes, New York, 1911

Dossier réalisé par Stéphanie DADOUR
Dossier publié dans le d'A n°268

L'architecture n'y échappe(ra) pas : en France, depuis quelques années, l'architecture est un sujet des féministes et passe sous le spectre du genre. En effet,de plus en plus d'architectes, d'urbanistes, de géographes, de politiques critiquent, dénoncent et militent contre le manque d'équité entre femme et homme dans le milieu architectural et dans l'usage des dispositifs spatiaux. Fondation d'associations, création de prix d'architecture, nouveaux enseignements dans les écoles et actions politiques cherchent à redéfinir les normes et à remettre en question les (mauvaises) habitudes. S'exprimer sur le sujet permet incontestablement de déplacer le curseur : depuis le hashtag #MeToo (BalanceTonPorc) de 2017, les plaintes pour les violences sexuelles déposées en France ont augmenté de 30% et nombre de milieux professionnels dénoncent les rapports de domination existants. Ce n'est pas une affaire de femmes puisque nous sommes collectivement impliqués dans les réflexions et les débats quant à l'évolution de notre profession et la fabrication de nos villes.

Aborder l’architecture ou l’espace par le biais d’un regard féministe n’est pas une nouveauté. De manière générale, dans les pays occidentaux le sujet a été avancé à maintes reprises. Au XVIIe siècle, la marquise de Rambouillet conçoit un salon donnant l’honneur aux femmes. Au XVIIIe siècle, les material feminists américaines dessinent elles-mêmes des habitations propices à l’émancipation de la femme. Quant aux suffragettes britanniques, elles remettent en question la place de la femme dans l’espace et le domaine publics. Le féminisme des années 1960-1970 marque un renouvellement dans la pensée et la pratique de l’architecture en donnant davantage de visibilité aux femmes dans la profession, en valorisant différentes pratiques de l’architecture et en portant un regard critique sur la conception des dispositifs spatiaux. Réel engouement dans le milieu américain de l’architecture, ce féminisme se matérialise à travers des expositions, des écrits et des conférences. Dans le contexte architectural français, ces revendications s’inscrivent dans diverses manifestations au tournant des années 2010, engageant le plus souvent une approche tournée vers le rôle des femmes en architecture. Au même moment, en france, ce sont surtout les géographes et les urbanistes qui s’intéressent au croisement entre genre et espace. De plus en plus de collectivités françaises et européennes sont à leur tour attentives aux rapports genrés dans l’espace public, poussant les professionnels à déployer des cadres et des méthodes opératoires. Dans ces cas, ce n’est pas tant la dimension théorique qui prime, mais davantage le développement d’approches permettant de remédier à la domination masculine. Si des architectes peuvent être impliqués dans ces processus, peu d’échos sont donnés à ces approches dans le champ architectural.

Abonnez-vous à D'architectures
.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Septembre 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
35      01
3602 03 04 05 06 07 08
3709 10 11 12 13 14 15
3816 17 18 19 20 21 22
3923 24 25 26 27 28 29
4030       

> Questions pro

Quel avenir pour les concours d’architecture publique 2/5. Rendu, indemnité, délais… qu’en d…

Quel avenir pour les concours d’architecture publique ? 1/5

Structure des procédures, profil des équipes à monter, références à afficher, éléments de rendus…, les concours publics connaissent depuis…

« En décidant de ne pas tout transformer, tout change » - Entretien avec Alexandre Chemetoff

Réutiliser, transformer, restructurer, revaloriser… autant d’actions souvent recommandées quand les enjeux de l’époque incitent à retravai…