Milano 2, ou de l’architecture comme outil d’un récit populiste

Rédigé par Federico FERRARI
Publié le 08/03/2023

Vue de l'un des parcours piétons longeant le lac de la "place des Cygnes", cœur du quartier, état actuel

Dossier réalisé par Federico FERRARI
Dossier publié dans le d'A n°305

Milano 2, « ville-satellite » située dans la banlieue de l’agglomération de Milan, en Italie, fut construite entre 1969 et 1978 par le promoteur Edilnord Centri Residenziali, propriété de Silvio Berlusconi. Une fois ce dernier entré en politique, elle sera souvent célébrée comme ville idéale, à grand renfort d’exposition médiatique. La narration publicitaire qui l’accompagne – « quartier à taille humaine », possibilité pour chacun de « choisir où et comment vivre », « ville des numéros 1 » –, à savoir l’aspect immatériel du projet, en fait un cas précoce de promotion privée où le récit médiatique « fabrique » un aménagement urbain, et cela bien avant la pose de sa première pierre. Des textes et des images – vocabulaire, photographies et dessins – reproduits dans des brochures publicitaires et la presse généraliste, mais aussi dans les documents techniques et administratifs, se révèlent parfois plus réels que la réalité concrète. Ce récit populiste soigneusement construit dans une logique marketing nous dévoile le rôle somme toute instrumental de l’objet architectural, réduit à un simple outil rhétorique.

« Non aux voitures, au béton et à la pollution1 » : voici un exemple de l’un de nombreux slogans utilisés lors de la campagne publicitaire orchestrée pour promouvoir le nouveau quartier. Milano 2 représente un paradigme de « ville-satellite » destinée à une classe moyenne-supérieure qui, à la fin des années 1960, était en pleine ascension sociale et en quête d’entre-soi. Située juste au-delà du périphérique est de Milan, dans la commune de Segrate, à Milano 2, la majorité des appartements mesure environ 150 m2. On y trouve 15 courts de tennis ainsi qu’un terrain de football et un sporting club. Ces quelques éléments suffiraient à qualifier le quartier d’« enclave élitiste » ou, mieux, de « ghetto de riches ». Mais la notion répandue de gated community – un quartier physiquement fermé, avec des accès contrôlés par une société privée de surveillance et des espaces collectifs exclusivement réservés aux résidents et à leurs invités – se révèle ici inadaptée. Milano 2 serait-il un cas particulier de gated community à l’italienne ? Analyser ses caractéristiques et parcourir son histoire peut nous aider à répondre à cette question.

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