1789-1979, l’art moderne de bâtir en terre crue : une saga universelle initiée en France - De la terre crue : mais sous quelle forme ?

Rédigé par Jean DETHIER
Publié le 23/06/2017

Le diagramme circulaire établi par le CRAterre définit les typologies constructives de tous les modes de mise en oeuvre de la terre crue répertoriés dans le monde entier.

Dossier réalisé par Jean DETHIER
Dossier publié dans le d'A n°255

Il existe quantité de techniques traditionnelles et modernes pour construire en terre crue. Chacune d’elles connaît de multiples variantes nationales, régionales ou locales. Afin de clarifier cette complexe diversité typologique, le CRAterre a élaboré un utile diagramme circulaire. On y fait référence aux 12 techniques inventoriées à travers le monde entier et à leurs appartenances respectives à 18 modèles de logique constructive. Parmi celles-ci, les plus fréquentes sont en France (comme ailleurs) le pisé et l’adobe, mais aussi la bauge, le torchis et les blocs de terre comprimée (BTC). Les régions du monde où existent des témoignages de la construction en terre sont nombreuses sur tous les continents (voir la carte page de gauche). Ce qui peut surprendre le non-initié, tant les préjugés sont encore nombreux à prétendre – injustement – que les architectures de terre ne résisteraient pas aux climats pluvieux ou qu’elles n’existeraient pas dans les pays industrialisés. Dans ce panorama mondial, la France occupe une place privilégiée (voir la carte page de gauche). C’est l’un des rares pays à déployer sur son territoire national l’ensemble des cinq principales techniques constructives évoquées. Et ce, autant dans leurs applications traditionnelles au sein d’un patrimoine vernaculaire régional très abondant et diversifié que dans ses adaptations modernes et même contemporaines. Au sein du vaste périmètre défini par les quatre villes de Grenoble, Genève, Mâcon et Clermont-Ferrand – et marqué par la centralité de Lyon – la région Auvergne- Rhône-Alpes est la plus riche et dense d’Europe dans ses multiples déclinaisons du pisé. Et ce, autant en milieu rural où il est dominant (même dans certains gros bourgs comme Dolomieu, en Isère) que dans des villes, et particulièrement à Lyon. Autant dans son centre historique de la Croix- Rousse – où dominent des immeubles de sept étages bâtis en pisé dès les années 1820 – que dans ses périphéries proches ou lointaines. De plus cette région révèle un atout singulier : on y trouve aussi bien des traces ancestrales d’usage du pisé (voire parfois de nature archéologique) que des témoignages d’un pisé modernisé. C’est le cas pour le « Nouveau Pisé » inventé dès 1789 François Cointeraux. Enfin, c’est aussi dans cette même région que l’on peut apprécier les usages les plus contemporains et porteurs d’avenir du pisé. Deux lieux sont révélateurs de ce nouveau savoir-faire aux vertus écologiques. D’abord le « Domaine de la terre » situé au quartier des Fougères à Villefontaine, en Isère, à une trentaine de kilomètres au sud de Lyon. Ce quartier expérimental de 64 logements sociaux – très diversifiés dans leurs architectures et techniques constructives (dont le pisé, le BTC et l’assemblage terre & paille) – demeure, depuis son inauguration en 1985 et aujourd’hui encore, le seul en Europe à avoir été entièrement édifié en terre avec des techniques rationalisées et modernisées. Il a été la résultante des coopérations entre le Centre Pompidou (son Centre de création industrielle), le groupe CRAterre (basé à Grenoble), une dizaine d’architectes et d’autres partenaires. En 2008, ce quartier-pilote été classé en tant que « témoignage exemplaire du développement durable appliqué à l’habitat ». À quelques kilomètres seulement de là, au centre de Villefontaine, se dressent depuis 2001 les « Grands Ateliers ». Ce lieu inspiré est dédié à l’épanouissement de nouvelles expérimentations et pédagogies vivantes pilotées par le CRAterre et amàco. Elles sont assumées avec des étudiants et chercheurs en architecture et en ingénierie. Là se déploient les « nouvelles voies de la recherche » visant à inventer les éco-usages futurs de la terre crue ; et notamment celles du pisé. Diverses régions de France possèdent un patrimoine relevant d’autres techniques de construction en terre, ainsi par exemple : l’adobe dans la région de Toulouse, la bauge en Normandie et autour de Rennes, et le torchis en Alsace. Quant aux blocs de terre comprimée (BTC), comme leur usage est relativement récent, les architectures édifiées selon cette méthode apparaissent en toutes régions de France.  


Lisez la suite de cet article dans : N° 255 - Juillet 2017

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