L'architecture se réinvente en dehors des grandes métropoles - Reterritorialisation

Rédigé par Pierre CAYE
Publié le 06/02/2023

Locaux de la Compagnie des Fromages et Richemonts à Vire, juin 2022

Dossier réalisé par Pierre CAYE
Dossier publié dans le d'A n°304

Les promesses de la dématérialisation qu’entraînent les nouvelles technologies ont été un leurre et ont surtout profité aux grandes métropoles. Si la dématérialisation industrielle et financière que favorise la virtualisation de l’économie a accéléré la déterritorialisation, la reterritorialisation passe paradoxalement par une autre dématérialisation, celle que représente la dimension intellectuelle, symbolique et culturelle de nos pratiques productives. Mais comment et sous quelle forme ? Et quel rôle l’architecture est-elle appelée à jouer dans cette nouvelle dimension de la dématérialisation ? Dans cet essai qui analyse les ressorts de la nouvelle économie globalisée et de sa gouvernance en relation avec le territoire, le philosophe Pierre Caye voit dans l’architecture, parce qu’elle possède ce privilège d’opérer la médiation entre l’espace et le temps, un modèle qui pourrait bien inspirer ceux qui s’attèlent à la transformation du système productif en vue de la durabilité de la production et de l’habitabilité du monde, et qui à cette fin en appellent à une nouvelle façon de concevoir la planification.

À partir du début des années 1990, sous l’impulsion des nouvelles technologies, la mondialisation s’est initialement traduite par une virtualisation des espaces sociaux, une dématérialisation des échanges et des réseaux, une déterritorialisation des activités économiques. Frances Cairncross, la spécialiste médias du fameux newsmagazine libéral The Economist, a pu parler au terme des années 1990, dans un livre qui a connu un grand succès, de la mort des distances et de « la fin des lieux » comme du facteur décisif du capitalisme mondial1. Au-delà de la désindustrialisation des pays de l’OCDE, la délocalisation signifierait alors la réalité même de la mondialisation dans ce qu’elle a de plus essentiel : non pas seulement un changement de lieu, mais l’impossibilité même d’avoir un lieu.

Cette dématérialisation, favorisée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, était alors porteuse des plus grandes promesses en matière d’écologie : les nouvelles technologies devaient conduire la production économique à ce qu’on appelle le « découplage », c’est-à-dire à un système productif dont la croissance s’accompagne d’une diminution de l’impact environnemental et de la consommation d’énergie. De toutes les promesses déçues des années 1990, celle-ci fut sans doute la plus mensongère. (...)

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