La Cité de la Muette par Marcel Lods, architecte et aviateur © Fonds Lods |
Les cinq tours de la Cité de la Muette font l’objet d’une nouvelle exposition au Mémorial de la Shoah de Drancy conçu par Roger Diener, jusqu’au 6 mars 2022. Entre histoire et architecture, cette exposition inédite complète celle permanente sur la Cité de la Muette et apporte de nombreuses informations sur son rôle durant la Seconde Guerre mondiale. En effet, la Cité de la Muette conte deux histoires, celle de procédés de fabrication innovants issus des années 1930 qui ont mené à ces premiers grands ensembles de la région parisienne, mais aussi celle tristement célèbre de la Shoah, la Cité ayant servi de camp d’internement. |
L’exposition est conçue par Benoît Pouvreau, historien de l’architecture et chargé de la valorisation du patrimoine du logement social de la Seine St-Denis. Elle dévoile chronologiquement les différentes étapes de la vie de la Cité. Pionnière dans le développement d’un nouvel urbanisme de tours et de barres, elle est conçue par les architectes Eugène Beaudouin (1898-1983) et Marcel Lods (1891-1978) dans les années 1930. Elle sera notamment publiée dans la revue l’Architecture d’Aujourd’hui de juin 1935 et des photographies de la Cité seront présentées lors d’une exposition au MoMA consacrée au logement, où la Cité est perçue comme une réinterprétation expérimentale des idées du Corbusier. L’influence de la Cité aux États-Unis s’intensifie lorsque Catherine Bauer, architecte et fervente actrice de la lutte pour le logement social, attire l’attention des décideurs du New Deal grâce aux photographies qu’elle avait prises de la Cité lors de son voyage en France.
Pourtant, le destin de la Cité bascule lors de la Seconde Guerre mondiale, quand elle sert de camp d’internement pour les prisonniers de guerre. Une période illustrée à travers les témoignages photographiques et dessins de prisonniers que l’on retrouve sur les panneaux de l’exposition. Les tours de la Cité de la Muette, habitées par des gendarmes français chargés de surveiller les prisonniers, évoquent alors plutôt des miradors pour les internés. Cette perception et le destin tragique de la Cité de la Muette nous rappelle que rien n’a favorisé la perception de ces grands ensembles de logements, isolés et très souvent perçus comme des «cages à lapins». La destruction des tours amorcée en 1973 ne fera qu’amplifier cette image d’échec. Depuis 2001 pourtant, la Cité est classée aux Monuments historiques et de fervents défenseurs du patrimoine comme Françoise Choay, dans la revue Urbanisme n°325 (Juillet-Août 2002), ont déploré cette destruction. Désormais, seul reste le U du plan initial. On peut l’observer depuis la baie vitrée du 3ème étage du Mémorial de la Shoah de Drancy, édifice construit en 2012, par l’architecte suisse Roger Diener. Pourtant, ces réalisations, porteuses d’une utopie sociale, ont fait la gloire de leurs architectes Lods, Beaudouin, mais aussi de Jean Prouvé qui fut notamment en charge des huisseries. Déjà en 2014 lors de la Biennale de Venise, Jean-Louis Cohen présentait au Pavillon français les contradictions portées par la Cité de la Muette, entre une hétérotopie sociale et un lieu de réclusion, elle reste un moment fondateur de l’histoire de l’architecture moderniste.
Des visites guidées sont organisées chaque dimanche, complétée par un dispositif de navettes au départ du Mémorial de la Shoah de Paris.
Exposition Les gratte-ciel oubliés de la cité de la Muette (1931-1976)
10 novembre 2021 – 06 mars 2022
Mémorial de la Shoah, Drancy
Ouvert du dimanche au jeudi de 10h à 18h
Entrée libre
drancy.memorialdelashoah.org
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