Mais à quel usage ce bâtiment est-il destiné ? - D'A n°197

Mais à quel usage ce bâtiment est-il destiné ?
  1. La plus petite Fondation Pinault du monde.
  2. Le premier parasite mutant apparu sur un pin génétiquement modifié.
  3. L’un des nouveaux radars de surveillance aérienne de l’armée suisse.

Quel plus beau symbole de liberté qu’une cabane dans un arbre ? Sauvage, irréductible, ermite, celui qui a choisi de construire son habitation perchée dans les bois fait un acte manifeste, refusant pêle-mêle la ville et son atmosphère corruptrice, oppressante pour des individus épris de liberté. Italo Calvino raconte que le 15 juin 1767, dans la ville (imaginaire) d’Ombrosa, après avoir refusé un plat de limaces, le jeune Cosimo monta sur un arbre en signe de protestation, pour ne plus jamais en descendre. Il deviendra le « Baron Rampante », le « baron Perché » dans la langue de Molière. Faut-il pour autant voir dans l’engouement contemporain pour ce type d’habitat un rejet de la société actuelle, ou une volonté récurrente de l’individu de faire sécession ?
Aujourd’hui, les maisons dans les arbres poussent comme glands sur chêne et envahissent les colonnes des magazines de décoration. Hier, elles s’étaient répandues dans la banlieue sud de Paris, après qu’un restaurateur inspiré par le « Robinson suisse », un roman de Johann D. Wyss lui-même inspiré par le « Robinson Crusoé » de Defoe, a décidé de faire construire une guérite nichée dans les branches pour accueillir ses clients. Le succès fut tel et les imitateurs si nombreux que la commune, jusque-là connue sous le nom de Plessis-Picquet, prit le toponyme beaucoup plus évocateur de Plessis-Robinson.
Plus rarement, l’habitat sylvestre sera synonyme de privation de liberté. En témoignent les mésaventures de Louis de Funès et Géraldine Chaplin, prisonniers de leur voiture au sommet d’un pin dans « Sur un arbre perché ». Il restait à actualiser cette typologie à succès pour un public plus chic, qui souhaiterait vivre cette expérience sans pour autant subir la rusticité de la cabane en bois. La course à la cabane « arty » semble indiquer le développement d’une nouvelle niche de marché, la maison dans les bois pour urbains de la « high middle class ». Après le « Yellow Tree House Restauran » à Auckland, voici le « Tree House », construit dans le nord de la Suède par l’agence Tham & Videgård. Chambre d’hôtel hors normes, sa façade miroir balançant entre tertiaire et art contemporain saura rattacher le Robinson d’un jour à un univers plus rassurant que l’insondable forêt...

Olivier Namias

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