La table T01 en bois de chêne, telle une relecture de la table de ferme. Ses assemblages de type tenon-mortaise sont réalisés avec des « coins » en laiton, (pièce en laiton rentrée en force qui bloque l’assemblage). |
Entretien avec l'agence Récita
Tous deux architectes à Lyon, Christophe Desvignes et Luc Pigeon sont également créateurs de mobilier. À l’occasion d’un entretien, ils nous expliquent leur démarche et l’intérêt d’ouvrir le champ de la pratique architecturale. Cette double activité nous offre également l’opportunité de publier un article (voir p. 98 de ce numéro) sur un aménagement d’espaces d’accueil pour un centre social réalisé par leur agence : Récita. |
D’a : Pouvez-vous nous parler de votre double activité d’architectes et de créateurs de mobilier, et de la manière dont elle s’est imposée dans votre pratique ? Nous sommes des architectes qui cherchont à élargir notre pratique. Notre singularité – et peut-être aussi notre ambiguïté – tient au fait que nous fassions de la menuiserie, sans pour autant nous comparer à des menuisiers. Nous n’avons pas la même activité et nous ne sommes pas contraints par les mêmes objectifs de productivité ni de rentabilité. Si notre savoir est certainement moins important, notre niveau d’exigence est parfois plus élevé que celui d’une entreprise de menuiserie, qui doit produire très vite… La création de mobilier est une manière de montrer que l’architecture est un métier en mouvement et que les architectes sont capables de s’adapter à la conjoncture, comme à la complexité. Notre formation nous permet cela. Cette double activité d’architectes-artisans raconte l’idée que la profession peut se diversifier. Beaucoup de jeunes agences font d’ailleurs le choix de travailler comme illustrateurs, enseignants, chercheurs… Cela montre qu’il est possible de pluraliser notre champ d’intervention. La profession d’architecte devient tellement technique et réglementée que le travail du mobilier permet de revenir à une simplicité des choses, et de poser de vraies questions d’architecture à l’échelle du détail et de la matière. Or, la profession n’est pas structurée pour être diversifiée. La conception est séparée de l’acte de construire et cette limitation ne nous convient pas. C’est regrettable car, selon nous, fabriquer est un prolongement direct de l’acte de conception. Ainsi, quand nous nous sommes installés en 2018, nous avons eu l’opportunité d’avoir une commande de mobilier. Étant donné qu’il est très dur de valoriser la seule conception de meuble et que nous voulions fabriquer les pièces nous-mêmes, nous avons alors profité d’un atelier familial, équipé de nombre de machines à bois, y compris pour exécuter des pièces complexes, pour nous lancer.
D’a : Comment abordez-vous le dessin d’un meuble ? Nous l’abordons avec notre savoir-faire d’architecte : avec le même vocabulaire technique et la même attitude. Ainsi, nous réinterprétons certains thèmes qui nous tiennent à cœur, comme l’expression de la structure, de la matière ou la narrativité d’une figure, dans le dessin du mobilier. Nous dessinons des meubles comme nous dessinons un bâtiment. Il est d’ailleurs intéressant de se rappeler qu’à l’époque des modernes, le mobilier était très souvent dessiné par les architectes. Cette pratique associée à celle du projet a brutalement cessé pour être ensuite reprise par les designers qui raisonnent complètement différemment. Le métier d’architecte s’est alors recentré sur la seule construction de bâtiments. Et c’est dommage… Quand nous abordons le dessin d’un meuble, la question de l’ergonomie est bien sûr très présente, tout autant que son expressivité. Nous (...) |
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