E 1027, Renaissance d’une maison en bord de mer, Jean-Louis Cohen et al., Éditions du Patrimoine, broché, 268 p., 22 x 27 cm, nombreuses ill. coul., 49 euros.
Les monographies de bâtiments sont souvent convenues, entre luxueux coffee-table books et érudition rébarbative. Ici, ces deux extrêmes sont esquivés grâce à des textes accessibles et une mise en page aérée qui fait la part belle à une commande photographique passée à Manuel Bougot. Les articles des historiens de l’architecture Jean-Louis Cohen, Renaud Barrès et Tim Benton, ainsi que la contribution de l’inspecteur général des monuments historiques François Goven, sont complétés de divers témoignages d’universitaires ou d’acteurs de la résurrection du « Cap moderne ». Tel est en effet le nom du site que l’association – créée en 2014 par les descendants de Thomas Rebutato, patron de la fameuse buvette L’Étoile de mer où Le Corbusier aimait à siroter son pastis – qui a œuvré à la restauration et l’animation de cet exceptionnel ensemble patrimonial du XXe siècle. Celui-ci comprend, face à l’azur de la Méditerranée, la villa E 1027 (1929) conçue par Eileen Gray et Jean Badovici et deux constructions de Le Corbusier, le Cabanon (1952) et les unités de camping (1954). La dernière partie du livre est consacrée au récit de cette aventure à la fois scientifique et technique par ceux qui l’ont vécue.
Une bonne moitié du volume restitue en images le parcours de visite pièce par pièce, détail par détail, offrant des regards inédits sur une villa iconique que l’on voit trop souvent selon les mêmes angles. Les photographies sont accompagnées de précieuses légendes, à la fois copieuses et pédagogiques. Ne manquent que des plans schématiques qui auraient permis au lecteur de repérer facilement les points de vue. Qu’importe, ici le lecteur trouvera tout ce qu’il faut savoir pour découvrir ou redécouvrir un des chefs-d’œuvre de la modernité enfin sorti de la déréliction : il pourra donc s’instruire en se distrayant. GMJ