N° 172 - Avril 2008

J’avoue, j’hésite... Saurais-je encore parler d’architecture sans être ridicule ? Que reste-t-il de ce métier d’architecte porté par le rêve d’un monde plus beau fait d’invention, de doute, de dialogue, de frustration, de compromis, de générosité et d’un peu de narcissisme ? Qu’en est-il de cet exercice de patience, à l’humilité parfois voulue, parfois subie devant des programmes pour la plupart modestes, voire ingrats, et dans lesquels l’architecte parvient à légitimer un savoir-faire acquis à force de travail et d’attention ?
Quelle soudaine morosité, me direz-vous, alors que la majorité des praticiens exercent encore ainsi leur métier, souvent avec bonheur ! C’est que… je suis un peu perdu. Les chiffres du Mipim m’ont pour le moins sonné. Le Mipim ? Peu d’architectes le savent, c’est le Salon du marché international des professionnels de l’immobilier. Il paraît pourtant que cette année à Cannes, on n’en a jamais autant vus dans les allées du Palais des festivals. Jean Nouvel serait apparu au moins quatre fois en guest star. Trente mille personnes pour un ticket d’entrée à 1 400 euros y sont passées, du 11 au 14 mars. Moi qui croyais que la crise des subprimes avait tout gâché, j’apprends qu’en 2007 le chiffre record de 668 milliards d’euros investis dans l’immobilier tertiaire a été atteint. Les Russes, avec 5 milliards d’investissement dans ce secteur, ont débarqué avec une armée de blondes assistantes en minijupes ultramoulantes. Tant de séduction déployée pour vendre l’objet culte du Salon : la tour. Avec 600 mètres de haut, Moscou s’enorgueillit d’ailleurs d’avoir bientôt la plus grande d’Europe.
Les investisseurs russes sont également à Paris : le groupe Hermitage est retenu avec quatre autres finalistes pour la tour Signal de la Défense dont les projets ont été dévoilés en exclusivité au Mipim. Jacques Ferrier est son architecte, dessinant deux puissantes tours siamoises reliées par les hanches, la gémellité atténuant l’arrogance phallique du monument. Jean-Michel Wilmotte, associé à Bouygues, a voulu faire mieux, proposant une tour formée de trois piliers se contorsionnant en une volute ; j’ai tout de suite pensé à un trophée de tournoi de pétanque qui aurait été démesurément agrandi par la machine du professeur Tournesol. J’avoue, j’hésite… je tire ou je pointe ? EC

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» Hervé Abbadie, à la recherche de l’entre-deux par Olivier Namias
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