Réussir une transition juste

Rédigé par CATHERINE BRETRAM, VIGINIE LAPIERRE, LUCAS MONSAINGEON ET CATHERINE SEYLER
Publié le 20/11/2023

Dossier réalisé par CATHERINE BRETRAM, VIGINIE LAPIERRE, LUCAS MONSAINGEON ET CATHERINE SEYLER
Dossier publié dans le d'A n°312

par Lucas Monsaingeon et Philippe Prost

En 2012, le Bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais a été inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de « paysage culturel, évolutif et vivant », œuvre combinée de l’homme et de la nature. Cette reconnaissance internationale le fait entrer dans l’ère de la patrimonialisation, tournant ainsi définitivement la page de l’activité minière. Par sa nature et son échelle, ce site est unique au sein du patrimoine mondial, porteur d’un renouvellement des approches « pour sortir du monument et aborder le territoire comme une entité physique et socioéconomique », selon Francesco Bandarin, ancien directeur du Centre du Patrimoine mondial de l’UNESCO. La notion de « paysage culturel évolutif » porte d’ailleurs en elle-même une tension féconde dans ses termes, qui constitue probablement le « futur du patrimoine ».

Le Bassin minier constitue l’extrémité française du filon houiller qui se prolonge en Belgique, puis dans la Ruhr. Il s’étend sur 120 kilomètres de long et 15 kilomètres de large, entre Lille et Arras, et regroupe plus de 1 million d’habitants autour des agglomérations de Valenciennes, Douai, Lens-Liévin, Béthune et Bruay-la-Buissière. Ce territoire se caractérise par un paysage, un urbanisme et une architecture façonnés par l’industrie minière, qui a extrait 2,4 milliards de tonnes de charbon du sous-sol entre 1720 et 1990. Un système spatial minier constitué de sites « néonaturels » et d’infrastructures à grande échelle comme les terrils, les étangs d’affaissement, les canaux et voies de chemin de fer dédiés au charbon, mais aussi d’un important patrimoine bâti regroupant des édifices techniques liés à l’extraction (chevalements, bâtiments des fosses, etc.), des équipements construits par les compagnies minières (églises, écoles, hôtels de ville, piscines, hôpitaux, etc.) et plusieurs dizaines de milliers de logements ouvriers. Un catalogue incroyable de ce que la modernité a pu concevoir, dont la force des paysages et des structures urbaines ne laisse pas indifférent, tout comme l’architecture spécifique qu’elle a générée.
Depuis la remontée de la dernière berline le 20 décembre 1990, l’arrêt des mines a constitué pour le territoire un véritable traumatisme économique, social, environnemental et culturel, laissant un paysage postindustriel en déprise et ouvrant des questions épineuses « sur l’identité et l’enracinement de ses habitants », selon Jean-François Caron, président de l’Association des biens français Patrimoine mondial en France.
 
Déconstruction et invention
Dix ans après l’inscription sur la Liste du Patrimoine mondial, l’ENSA Paris-Belleville et son laboratoire de recherche IPRAUS, l’Atelier d’Architecture Philippe Prost et la Mission Bassin Minier ont organisé une journée d’étude à la Cité de l’architecture et du patrimoine le 24 mai 2022 intitulée « Réussir une transition juste, le bassin minier du Nord et du Pas-de-Calais. L’héritage comme ressource ». Cette journée de présentations et de débats a réuni largement acteurs du territoire, élus, architectes, urbanistes, praticiens, enseignants et chercheurs, autour de quatre tables rondes. Elle a été rendue possible grâce au mécénat à la recherche en architecture de la Caisse des Dépôts.
Ce dossier thématique s’appuie sur certaines des interventions de cette journée pour interroger le rôle de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage dans (...)

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