État existant de la barre Cassan |
Un appel d’offres a été lancé en 2020 par la RIVP et la Mairie de Paris pour réhabiliter la barre F d’Urbain Cassan séparant l’université de Jussieu du Jardin des Plantes. Plus de 500 logements étudiants viendront s’immiscer dans cette construction en béton désaffectée, mal-aimée et un temps promise à la destruction. Les équipes en lice ont répondu par des propositions qui ressuscitent de manière très différente cette barre maudite et condamnée des années 1960. |
Le gril de Jussieu dessiné par édouard Albert peut rappeler celui de l’Escurial de Juan de Herrera en plus proliférant. Mais ses velléités d’extension sont d’emblée contenues au nord et à l’est par deux longues barres en équerre accueillant à l’origine des laboratoires et réalisées par Urbain Cassan. La première, la plus longue, sépare ce campus des berges de la Seine. Elle a été parachevée quand l’IMA de Jean Nouvel est venue s’adosser à son pignon sur le boulevard Saint-Germain et le pont de Sully. La seconde le ferme sur le Jardin des plantes. C’est cette dernière, aujourd’hui désaffectée, qui sera réhabilitée pour accueillir 565 logements allant du T1 au T3 pour étudiants et chercheurs : des habitations à loyer très modéré.
L’édifice reprend mécaniquement les principes de l’architecture moderne. Il est posé sur de lourds portiques qui soulèvent du sol une structure poteaux-dalles dessinant un plan libre facilement aménageable. Très ouvert, à l’Est sur le Jardin des plantes et ses animaux sauvages, à l’ouest sur le campus, il est surtout remarquable par les deux imposants escaliers à double révolution qui ponctuent sa façade interne et relient le rez-de-chaussée au premier étage tout en rappelant des hélices d’ADN. Et sa construction avait dû tenir compte de nombreuses contraintes, dues notamment au fait que le site était encore en partie occupé par la Halle aux vins de Paris...
On peut féliciter le maître d’ouvrage pour le choix très pertinent des équipes en compétition. Leurs propositions, très diverses, témoignent de la multiplicité des regards possibles sur le même objet. Certaines traquent dans cet existant les éléments qui lui permettront de mieux le plier à son nouveau programme de résidence étudiante ; d’autres, plus exploratoires, lui accorderont une autonomie et lui laisseront librement imposer de nouvelles manières d’habiter, de nouvelles manières de se comporter. Et toutes à des degrés divers mettront l’accent sur des processus vertueux en phase avec les exigences de l’anthropocène. (...)
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