Lauréat de la session 1, projet de SNI Sud-Ouest et de l'Atelier Marc Barani |
À quels besoins d’innovation et d’évolutions réglementaires répond l’appel à projets du Lab CDC « Architecture de la transformation » ? Ce concours est ouvert à tous les bailleurs sociaux. Les présélectionnés de la deuxième session viennent d’être choisis autour du thème de « l’impact territorial du logement social et intermédiaire ». Dressons un bilan d’un dispositif appelé à être régulièrement reconduit pour encourager un laboratoire permanent associant bailleurs et écoles d’architecture. |
Rappelons que c’est avec l’objectif de
faire évoluer simultanément les modes de faire et les modes de vie qu’un
incubateur de projets innovants – le Lab CDC « Architecture de
la transformation » – a été créé en 2015 par l’Union sociale pour
l’habitat (USH) et la Caisse des Dépôts à l’initiative de Pierre-René Lemas,
alors directeur général de la Caisse, sous le patronage conjoint des ministres
de la Culture et du Logement. Action Logement et les trois fédérations des
entreprises sociales pour l’habitat, des Offices publics de l’Habitat (OPH) et
des sociétés coopératives HLM apportent également leur soutien à cette démarche
qui vise à favoriser la généralisation des solutions disponibles au sein d’une
boîte à outils accessible à tous les bailleurs et à mobiliser un écosystème de
partenaires pour diffuser les pratiques.
« En relation avec les assureurs, les
bailleurs sociaux et leurs architectes et d’autres acteurs du paysage
économique, la Caisse des Dépôts a une tradition d’innovation, mais elle
s’était un peu éloignée du champ architectural avec lequel Pierre-René Lemas
tenait à renouer. Éric Lombard, l’actuel directeur général, souhaite amplifier
cette orientation », explique Sabine Parnigi-Delefosse, responsable
innovation à la Caisse des Dépôts. Et d’ajouter : « En collaboration
avec les clients et partenaires de la Caisse des Dépôts, le Lab CDC
“Architecture de la transformation” alimente d’ailleurs la réflexion sur “le
permis de faire” inscrit dans la Stratégie nationale pour l’architecture »,
car la Caisse des Dépôts est « légitime pour intervenir sur le bâti, fixer
des objectifs et transformer des espaces et les faire vivre en testant des
innovations à échelle 1 et en fédérant tous les acteurs concernés ».
Sur le thème de l’ancrage territorial du
logement social et intermédiaire, l’appel à projets de la deuxième session vise
à transformer l’architecture du logement social. Lancé lors du congrès de l’USH
en 2017 en partenariat avec le PUCA, la Fédération des EPL, la Fédération des
OPH, la Fédération des ESH, la Fédération Coop’HLM, la Fondation Excellence
SMA, l’ADEME, le CSTB et l’AFD, il était ouvert à tous les bailleurs sociaux,
associés à une équipe de maîtrise d’œuvre pluridisciplinaire. Il a suscité
25 candidatures contre 50 pour la session précédente, baisse qui n’a rien
d’alarmant selon les organisateurs, car les bailleurs mobilisés autour des
débats liés à la préparation de la loi logement avaient moins de temps à
consacrer à la préparation et au suivi de leurs propositions, d’autant qu’ils
doivent s’engager à consacrer au moins 50 % de leur temps à cette démarche
et à contribuer au financement en partenariat avec le Lab CDC.
11 bailleurs présélectionnés
Le 8 mars, les projets de
11 bailleurs ont été présélectionnés. Habitat 44 étudie un nouveau modèle
économique pour l’habitat senior, fondé sur une démarche participative. Plurial
Novilia travaille avec l’architecte Christian Pottgiesser sur l’application de
l’impression 3D à des éléments de structure du logement social.
L’impression 3D dans le bâtiment interpelle aussi Vilogia qui a monté une
équipe réunissant notamment Bouygues Construction, Envergure Architectes et
l’école Centrale Lille. Le thème des énergies renouvelables en lien avec de
nouveaux usages a inspiré trois bailleurs : Nantes Métropole Habitat,
Semader, qui étudie avec T&T architectures des toitures en panneaux
solaires pour un projet d’autoconsommation collective dans l’île de la Réunion,
et SHLMR2 qui se penche avec les architectes Olivier Celsi, Thibaut Amilhat et
le Cabinet Bocquée sur des bâtiments à énergie positive pour réduire les
charges locataires dans les Dom-Tom.
SIA Habitat retient l’angle patrimonial
avec une démarche participative et pluridisciplinaire de réhabilitation
énergétique de patrimoines miniers. L’OPH Firminy fait équipe avec l’ENSA
Saint-Étienne, les Grands Ateliers et la chaire du futur de l’ENSA de Grenoble
pour recréer de l’attractivité par l’ajout d’espaces intermédiaires sur un parc
classé au patrimoine de l’Unesco. Le Col travaille sur un principe d’éco-hameau
« d’esprit campagnard » valorisant l’habitat participatif à l’échelle
d’un territoire. L’agriculture urbaine est abordée par Toulouse Métropole
Habitat avec le cabinet d’urbanisme Landauer, et Lyon Métropole Habitat veut
expérimenter l’application de la modélisation 3D et du BIM pour la
conception d’un projet de réhabilitation de résidences à Oullins.
La méthodologie d’expérimentation
Le Hack’Archi, atelier de deux jours qui
nourrit les projets du regard d’étudiants en architecture, marque le début du travail sur le document d’ingénierie des
projets, et a eu lieu les 23 et 24 mars au parc de la Villette, en lien
avec l’ENSA Paris-La Villette. Début mai, les cinq finalistes retenus pour une
phase d’incubation de huit mois maximum seront connus.
Pour développer ces projets innovants en
évaluant en temps réel les aspects réglementaires et le taux d’acception par
les habitants, la méthodologie de conduite des projets est désormais bien
rodée. Les équipes emmenées par les bailleurs bénéficient du soutien financier
de la Caisse des Dépôts. Les innovations techniques présentées doivent être
accompagnées de la description du processus technique et économique autorisant
leur généralisation pour la transformation des logements très sociaux ou
intermédiaires. La palette d’expertises qu’apportent les partenaires du Lab CDC
aide les équipes à faire évoluer leurs projets au nom de cette réplicabilité
technique et économique.
Cette méthode crée un cadre favorable à
l’expérimentation grandeur nature sur des sites pilotes. En un temps court et
avec des ressources limitées, on appréhende ainsi simultanément ce qui relève
des aspects techniques, économiques et sociaux. Cette approche concrète
présente aussi l’avantage de mettre en évidence les difficultés réglementaires,
juridiques et financières. Juste après le « Hack’Archi » commence la
période d’incubation destinée à tester les projets, à les affiner, à analyser
leur impact et à constituer une boîte à outils offerte à l’ensemble des
bailleurs sociaux avec des livrables opérationnels et des solutions clés en
main disponibles sur le site du Lab CDC (www.caissedesdepots.fr/labcdc).
Toute proposition devant déboucher sur un modèle économique viable sans
subventions, une attention particulière est portée aux nouvelles formes d’économie
collaborative, fonctionnelle ou circulaire lors de l’incubation.
Du logement extensible à la mutualisation,
retours d’expérience
Quel a été l’apport de la première
session ? Le concept d’immeuble urbain évolutif porté par
SNI Sud-Ouest avec Marc Barani, Khephren ingénierie, Enstib et Lamoureux
acoustics propose une solution de mixité fonctionnelle et d’évolutivité fondé
sur un logement « extensible » avec un bon niveau de performance
énergétique et environnementale, une offre diversifiée d’espaces annexes en
location à la carte et un stationnement mutualisé. Leur étude a débouché sur un
guide de mise en œuvre, des cadres contractuels adaptés – bail et
conventions « élastiques » pour les logements locatifs sociaux (LLS),
contrats types – et un guide de mise en place du dispositif de gestion
intégrant des critères de faisabilité. L’équipe a aussi étudié une structure
capable pour accompagner l’évolutivité des immeubles urbains, à coûts maîtrisés
et à haute performance environnementale avec des offres d’usages flexibles. Un
prototype de plancher a permis de valider un procédé constructif adapté à la
construction de logements et de bureaux. « En travaillant également
directement au sein d’une résidence appartenant au même bailleur, poursuit Sabine
Parnigi-Delefosse, nous avons aussi transformé des appartements inoccupés pour
tester une typologie de bureau/chambre/cellier très bien accueillie par
l’ensemble de notre panel d’habitants. Ceci donne des enseignements sur le type
d’annexes souhaité par les locataires et le surcoût qu’ils sont prêts à assumer
pour en disposer. » D’autres tests ayant porté sur un logement doté d’une
annexe servant de bureau ou de chambre d’amis, les habitants de logement
intermédiaire sont plus intéressés par cette chambre supplémentaire que ceux
issus de logement social.
Si la transformation des étages de bureaux
et de logements sans contraintes de poteaux et la mise en œuvre de volumes
capables sont deux façons de favoriser l’adaptabilité des espaces, y parvenir
impose de savoir concilier par la loi des intérêts contradictoires. C’est
pourquoi… Un modèle de bail et conventions LLS « élastiques » et
des contrats types (bailleur/opérateur, locataire, clients extérieurs) sont
disponibles dans la boîte à outils.
Un autre projet mené avec Actis, l’ENSA
Grenoble, AE&CC et le labo CRAterre portait sur la construction en bois et
terre crue en milieu urbain. Il débouche sur de nouvelles techniques
constructives. Deux guides méthodologique et descriptif intégrant un comparatif
de coûts et une liste acteurs de la construction terre en régions facilitent sa
mise en œuvre. Avec l’OPH 93 et Bellastock, c’est
une filière locale de réemploi du béton issu de la déconstruction qui a été
expérimentée selon une nouvelle gouvernance de la matière et une gestion en
coût global. Dans le cadre d’une recherche-action architecturale à
échelle 1 sur le site de l’ancien hôpital Villemin à Nancy, Batigère Nord
a étudié avec les ENSA de Strasbourg et Nancy la reconversion de sites
patrimoniaux en logements sociaux confortables et énergétiquement
efficaces. L’équipe réunissant Logeo, l’atelier d’architecture Bettinger
Desplanques, l’atelier Les 2 Cyclopes et les Cueilleurs d’histoires s’est
attelée à la question de la réduction du budget logement des habitants. Pour
préserver le pouvoir d’achat des locataires et réduire les charges locatives et
individuelles, l’idée est d’impliquer les habitants dans la conception et
l’entretien de leur bâtiment et de leurs logements. Ces derniers ont étudié la
mutualisation de certains espaces (buanderie), la modularité des espaces
privés, une charte de vie commune et la manière d’assurer eux-mêmes
l’entretien des espaces communs et des espaces verts, sans oublier une
sensibilisation aux économies d’énergie.
Souhaitons qu’entre juin 2018 et janvier 2019, la période d’incubation de la deuxième session soit aussi fertile.
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