Pour prolonger le plaisir de la visite, ou pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de voir la magnifique exposition qui se tient jusqu’au 21 janvier 2024 au musée d’Art moderne de Paris, ce catalogue est bien plus qu’un recueil des œuvres de Nicolas de Staël. Il y avait déjà eu une rétrospective au Centre Pompidou il y a vingt ans, mais celle du MAM est plus complète et bénéficie surtout de l’apport des derniers documents, concernant notamment la correspondance du peintre et le catalogue raisonné établi d’abord par sa veuve Françoise puis complété par son fils Gustave et sa petite fille Marie du Bouchet. La difficulté lorsqu’il s’agit de parler de ce peintre génial qui s’est suicidé à l’âge de 41 ans est d’aborder son œuvre sans se laisser éblouir par la figure solaire et tragique qu’il incarne si héroïquement au cœur du XXe siècle. Le long entretien avec sa fille aînée, Anne — la seule qui, enfant, l’a un peu vu travailler – est à cet égard exemplaire : précis, lucide, sans pour autant renoncer à l’émotion de cette expérience fondatrice.