Loin des grands projets prestigieux, la construction d’habitations collectives reste, malgré la frénésie normative qui les bride, le terrain de prédilection des architectes. Bien concevoir des logements exige un travail laborieux, produisant des effets peu perceptibles pour le néophyte, mais déterminants pour ceux qui vont y vivre.
Nous découvrons de plus en plus d’opérations dignes d’intérêt, et il est difficile de choisir celle que l’on va présenter et publier ou non. Il est vrai que, sous le joug du carcan réglementaire, elles peinent à sortir des conventions. À force de ténacité, certains architectes parviennent cependant à reformuler les postulats imposés, qu’ils soient d’ordre financier, programmatique ou constructif. Mais il y faut une condition que nous avons constaté presque systématiquement : les bons projets naissent dans des quartiers où l’urbanisme est maîtrisé par un architecte coordonnateur. Sans direction – et en dépit de la résistance héroïque des CAUE –, campagnes, bourgs et villes moyennes restent, à quelques méritoires exceptions, un territoire de désolation pour l’architecture.
Si l’on cherche à être optimiste, on se réjouira que la promotion privée, qui se développe sur les ruines d’une maîtrise d’ouvrage publique de plus en plus exsangue, s’ouvre timidement à l’architecture, même en accession à la propriété. Elle découvre que la modernité se vend, et souvent très bien. Mais contrairement à ce que l’on aurait pu espérer, lorsqu’elle se retrouve en première ligne face aux diktats de maires autocrates du bon goût, elle n’a pas davantage de poids que les architectes. Un phénomène inquiétant, thème de notre enquête du mois prochain.
Emmanuel Caille
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