Le logement collectif, otage de l’architecture

Rédigé par Gricha BOURBOUZE
Publié le 29/04/2024

Scream, Wes Craven, 1996 © Dimensions films

Article paru dans d'A n°316

L’architecte Gricha Bourbouze, dont l’agence nantaise Bourbouze & Graindorge conçoit des logements sociaux depuis plus d’une décennie, s’interroge dans ce texte sur la propension délétère des architectes à la radicalité conceptuelle lorsqu’il s’agit de construire des bâtiments d’habitation. Une posture qui conduit au déni d’une certaine intimité et à la fascination pour la transparence, ou l’ouverture comme vertu indépassable de toute opération urbaine. EC

La prison de l’espace moderne

J’ai longtemps été fasciné par l’œuvre et le personnage de Ludwig Mies van der Rohe, sa rigueur et son ascétisme placide. J’ai longtemps essayé de décrypter la profondeur de ses aphorismes, y cherchant des clés pour appréhender de manière renouvelée la conception architecturale et urbaine, affranchie des tics et afféteries qui la sclérosaient au début des années 1990, quand j’ai entamé mon apprentissage. En effet, l’œuvre de Mies constitue un puissant désherbant pour penser notre discipline depuis ses fondations. Exaltante et séduisante, elle incarne un absolu esthétique d’une grande abstraction. Pourtant, selon les champs dans lesquels vous exercez le métier d’architecte, cette influence peut se révéler contreproductive, voire destructrice. Car il n’y a pas plus de profondeur dans les aphorismes de Mies que dans l’épaisseur de ses façades. Il n’y a pas de secret à décrypter, puisqu’il n’y a plus de porte (pour paraphraser un de ses compatriotes exilés), d’ailleurs pourquoi des portes s’il n’y a plus de famille ?

En effet, dans la carrière de Mies, continuités et ruptures s’articulent toutes autour de son départ définitif pour les États-Unis avant la Deuxième Guerre mondiale. Au chapitre des ruptures, outre femme et enfants, Mies abandonne définitivement deux éléments architecturaux lors de ce voyage transatlantique : la porte et la fenêtre. De fait, à partir de (...)

Les articles récents dans Point de vue / Expo / Hommage

Conception-réalisation versus architecte-artisan Publié le 29/04/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

Corbu, Gromort et l’Art et essai Publié le 01/04/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

L'action ou la chose ? Publié le 11/03/2024

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

Pour une architecture aussi belle que bonne Publié le 14/12/2023

Comme les années précédentes, le Prix d’architectures 2023 organisé par notre revue a suscité… [...]

« Le » Projet Publié le 14/12/2023

Une chronique de la série "Malentendus sur l'architecture et abus de langage de ses disciples" par … [...]

« Géographies construites » : Paulo Mendes da Rocha à la Casa da Arquitectura de Matosinhos Publié le 04/09/2023

Il était temps qu’une exposition rende hommage à Paulo Mendes da Rocha (1928-2021), l’un des … [...]

.

Réagissez à l’article en remplissant le champ ci-dessous :

Vous n'êtes pas identifié.
SE CONNECTER S'INSCRIRE
.

> L'Agenda

Mai 2024
 LunMarMerJeuVenSamDim
18  01 02 03 04 05
1906 07 08 09 10 11 12
2013 14 15 16 17 18 19
2120 21 22 23 24 25 26
2227 28 29 30 31   

> Questions pro

« En décidant de ne pas tout transformer, tout change » - Entretien avec Alexandre Chemetoff

Réutiliser, transformer, restructurer, revaloriser… autant d’actions souvent recommandées quand les enjeux de l’époque incitent à retravai…

Vous avez aimé Chorus? Vous adorerez la facture électronique!

Depuis quelques années, les architectes qui interviennent sur des marchés publics doivent envoyer leurs factures en PDF sur la plateforme Chorus, …

Quelle importance accorder au programme ? [suite]

C’est avec deux architectes aux pratiques forts différentes, Laurent Beaudouin et Marie-José Barthélémy, que nous poursuivons notre enquête sur…