N° 285 - Novembre 2020

À quoi bon promettre ?

L’État promet d’accorder des aides budgétaires considérables pour aider les industriels à vendre leurs produits, dont l’usage permettrait d’en finir avec les passoires thermiques. Mais que sait-on précisément de l’efficacité à long terme de ces articles de catalogue et de leur bilan thermique, sachant qu’ils sont la plupart du temps importés d’Asie, fabriqués à partir de dérivés du pétrole et souvent mal mis en œuvre ? On devine surtout que, dans vingt ans, il faudra démonter, jeter puis refaire ces panoplies laborieusement appliquées avec leurs couvre-joints branlants et leurs volets roulants en plastique. Les affaires pourront reprendre.
Lorsqu’il s’agit d’aborder la question climatique liée au bâtiment, que ce soit à droite comme à gauche, chez les écolos comme chez les marcheurs, les discours se réduisent toujours à fixer des objectifs en termes de performance et donc de norme, chacun les fixant plus ou moins haut suivant sa famille politique. Jamais n’est même évoquée l’idée que l’architecture, par ses qualités propres, pourrait répondre durablement aux défis environnementaux… Pourquoi ? Parce que l’architecture est toujours réduite – et souvent par les architectes eux-mêmes – à sa dimension esthétique au détriment d’autres de ses vertus essentielles : d’abord, son ingénierie spatiale, fruit du travail commun entre ingénieurs et architectes, lui permettant par des dispositifs volumétriques et par le choix des matériaux (leur effusivité, leur radiance, leur inertie…) de réguler thermiquement une habitation de manière passive ; ensuite, sa capacité à donner une réponse précisément adaptée à chaque lieu, c’est-à-dire déterminée en fonction du paysage, du climat, de l’existant et des matériaux et savoir-faire locaux – comme peut l’être le pisé, auquel nous consacrons ce mois-ci un long dossier. On l’aura compris, ces deux qualités sont difficilement quantifiables et encore moins normalisables. Quel gouvernement aurait le courage de faire des promesses pour le climat en prenant des mesures dont quasiment personne ne sera capable d’estimer l’impact ?

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Sommaire 

Parcours

» V2S architectes, La structure comme mesure

Le Grand Entretien

» "L'architecte est avant tout un prestataire de services", Entretien avec Eduardo Souto De Moura

Points de vue / Expos

Concours

» Neuf manières d’expier, Concours pour le musée de l’Exil sur l’emplacement de l’ancienne gare d ’Anhalt à Berlin

Le dossier du mois

» CONSTRUIRE EN PISÉ : État des lieux par ceux qui le pratiquent
» Une technique ancestrale pour inventer l’avenir
» Le pisé : formulation et mise en œuvre
» Construire en pisé en France aujourd’hui
» Règles professionnelles pisé : un long processus
» Comment préserver le patrimoine en pisé ?
» Préfabrication du pisé sur chantier, École maternelle aux Roches-de-Condrieu, Isère
» Construire en pisé en zone sismique : obstacles et solutions
» Le pisé préfabriqué de Martin Rauch : techniques, avantages et pistes d’avenir
» Pisé porteur et préfabrication : des innovations inspirantes pour l’Orangerie, à Lyon Confluence
» Du pisé aussi pour des bâtiments techniques, Poste source de Cusset à Villeurbanne
» Construire en pisé dans un village de Tanzanie, Bibliothèque Amani à Kibaoni, Social Practice Architecture
» Un équipement en pisé pour lutter contre l’exode rural Centre de services du village de Macha, Chine

Publiés par d'a

» PARADIS DU SENS MEETT, parc des expositions de Toulouse
» Monolithe équivoque 65 logements sociaux et trois locaux d’activités boulevard Vincent-Auriol, Paris 13e
» Matière à écrire, matière à construire Trois bâtiments sur une même parcelle rurale, Haute-Saône

Livres

Innovations

» Bétons immergés : des infrastructures portuaires biomimétiques

Techniques

Les produits de la rédaction

» D'A LAB: Précieux Plastoc

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Les architectes français et l’Ukraine, un an de solidarité

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